"Il ne fait pas de l'économie, ça se saurait...": Thierry Breton tacle Donald Trump et appelle les Européens à ne pas se "coucher" devant lui

L'ancien commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton n'a pas la langue dans sa poche. Il estime à l'antenne de BFMTV qu'il faut "changer de braquet" au sujet des négociations de l'Union européenne avec l'administration Trump concernant les droits de douane.
"Il (Donald Trump) ne fait pas de l'économie, ça se saurait s'il en faisait, car il ne ferait pas ça. Il fait de la politique basée sur du rapport de force", a-t-il déclaré. "Il respecte celles et ceux qui ont des convictions fermes et qui les expriment et il voit jusqu'où il peut aller – un peu comme tous ceux qui ont des comportements un peu autocratiques."
"Il fait les rapports de force et si en face de lui il a une entité qui passe son temps à se coucher pour ne pas donner le sentiment de vouloir la confrontation, il continue."
Pour faire face à l'administration Trump, "il est temps pour nous (l'Union européenne) de faire de la politique, et donc des rapports de force équilibrés avec Donald Trump et alors on trouvera un accord."
Prendre exemple sur le Royaume-Uni
C'est la Commission européenne qui a été mandatée par les États membres pour mener les négociations face à l'administration Trump, pour faire porter d'une seule voix les intérêts européens. "On pèse plus à 27 que tout seul", rappelle Thierry Breton, mais ça ne suffit pas, selon lui.
Il enjoint l'Union européenne, qui tente encore de trouver un accord avec les États-Unis pour ne pas subir des droits de douane de 30% à partir du 1er août, d'envoyer des émissaires politiques pour négocier.
Thierry Breton cite comme exemple la stratégie du Royaume-Uni, qui a envoyé à Washington une équipe de politiques pour négocier et qui a fini par décrocher un accord commercial.
"C'est une discussion qui n'est pas technique (…) c'est une négociation politique. Des techniciens vis-à-vis des politiques ça ne gagne jamais. (…) Faisons ce qu'ont fait les Britanniques."
Risques de récession
Avec plus de 1.500 milliards d'échanges par an avec les États-Unis, l'Union européenne est le premier partenaire commercial des États-Unis. Des droits de douane à 30% auraient des conséquences pour l'ensemble des États-membres.
L'Allemagne serait touchée en premier, selon Thierry Breton, car 23% de ses exportations sont destinées aux États-Unis. L'Italie figurerait en deuxième position. La France serait moins touchée, mais les effets pourraient se faire ressentir rapidement sur la santé économique de la France – qui doit en parallèle réaliser près de 44 milliards d'économies en 2026.