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"Les termes de l'accord c’est 50%": Donald Trump assure qu'il ne veut plus discuter avec l'UE

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Quelques heures après avoir recommandé d'imposer 50% de droits de douane sur l'UE, à compter du 1er juin", le président américain a indiqué qu'il ne cherchait pas d'accord commercial avec Bruxelles.

Donald Trump a affirmé ce vendredi 23 mai qu'il ne "cherchait pas d'accord" commercial avec l'Union européenne.

"Nous avons établi les termes de l'accord. C'est 50%" de droits de douane, a ajouté le président américain, qui a annoncé cette très lourde taxe sur les produits européens dans la matinée, indiquant qu'elle entrerait en vigueur le 1er juin.

Dans un autre message, il a ciblé pour la première fois une entreprise américaine, l'une des plus grosses capitalisations mondiales, Apple. Il menace le géant de l'électronique de lui infliger "au moins 25%" de surtaxe s'il ne fabrique pas ses iPhone aux États-Unis.

Paris "prêt à répondre"

Ces annonces ont immédiatement tiré des bourses européennes vers le bas, Paris clôturant à -1,65%, avec les valeurs du luxe et de l'automobile en berne, et Francfort à -1,54%. Elles ont aussi plombé l'ouverture de Wall Street, où le Dow Jones perdait -0,63%.

Si la Commission européenne s'est refusée à tout commentaire, plusieurs pays ont vite fait entendre leur point de vue sur ces nouvelles menaces, qui "n'aident en rien" selon le ministre délégué au Commerce extérieur français.

"Nous (ndlr: l'UE) gardons la même ligne: la désescalade, mais sommes prêts à répondre", a aussi écrit Laurent Saint-Martin sur X.

Même son de cloche à Berlin où le chef de la diplomatie allemande Johann Wadephul a jugé que ce nouvel accès de fièvre douanière "ne faisait que nuire à l'économie des deux marchés".

En Irlande, deuxième exportateur de biens européens à destination des États-Unis, le Premier ministre Michael Martin a fait part de son "énorme déception".

"Très optimiste"

Les États-Unis exportent notamment vers l'UE des logiciels et des services de communications, là où l'Europe exporte en particulier des automobiles, des machines-outils et des équipements de transport, par exemple aérien. Donald Trump s'en prend régulièrement à l'Europe depuis son retour à la Maison Blanche, l'estimant même "pire que la Chine" dans les relations commerciales.

Les États-Unis évaluent leur déficit avec l'UE pour les biens à 235 milliards de dollars en 2024, mais la Commission européenne pointe que l'excédent américain en termes de services ramène le déficit commercial à 50 milliards d'euros (environ 57 milliards de dollars).

"Le président (Trump) est frustré avec l'Europe", a jugé sur Bloomberg TV le ministre américain des Finances Scott Bessent, qui se dit néanmoins "très optimiste", en particulier sur le fait que le nouveau gouvernement allemand "va aider à faire avancer l'Europe sur ce sujet". Dans plusieurs notes, des analystes ont décrit l'annonce du président américain comme une "tactique de négociation".

"Elle intervient alors que les négociations avec l'UE ont débuté mais semblent difficiles, les premiers éléments semblant montrer un mécontentement des États-Unis car l'Europe ne propose qu'une baisse mutuelle, et non unilatérale, des droits de douane et rien sur la taxation numérique", a ainsi pointé une note de Capital Economics.

Si néanmoins cette surtaxe devenait réalité, "cela pourrait entraîner une hausse de l'inflation de 0,5 point de pourcentage", a alerté Salomon Fiedler, analyste pour Berenberg.

"Pas réaliste"

Les droits de douane appliqués par les États-Unis aux produits européens s'élèvent actuellement à 12,5% en moyenne, 2,5% correspondant au niveau avant le retour de Donald Trump au pouvoir en janvier et 10% annoncés début avril.

La Maison Blanche avait initialement prévu de les taxer à hauteur de 20% mais a décidé une pause de 90 jours sur les droits de douane au-delà de 10%, afin de laisser le temps aux négociations. Cette pause devrait s'achever théoriquement début juillet.

Concernant Apple, son patron Tim Cook avait dit début mai s'attendre à ce que "la majorité des iPhone vendus aux États-Unis" pendant le trimestre en cours proviennent d'Inde, et non plus de Chine.

Insuffisant pour Donald Trump qui veut que les célèbres téléphones soient estampillés Made in USA. Un projet qui "n'est pas réaliste", a jugé l'analyste de Wedbush Daniel Ives. D'autant qu'"il faudrait cinq à dix ans pour rapatrier la production".

TT avec AFP