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"50%, c’est insoutenable": Laurent Saint-Martin souhaite des "mesures de rétorsions" après la nouvelle menace de Trump

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Invité sur le plateau de BFMTV, le ministre délégué au Commerce extérieur a réagi à la dernière menace de Donald Trump d'imposer "50% de droits de douane sur l'Union européenne à compter du 1er juin".

"Il faut toujours continuer à discuter et à négocier." Quelques heures après la nouvelle menace de droits de douane punitifs contre l'UE brandie par Donald Trump, Laurent Saint-Martin prône "la désescalade". "Je ne désespère pas que nous puissions trouver un intérêt réciproque entre l'Union européenne et les Etats-Unis pour qu'il y ait une baisse des droits de douane plutôt qu'une guerre commerciale", a déclaré le ministre délégué au Commerce extérieur sur le plateau de BFMTV.

"50%, c'est insoutenable et ça voudrait dire qu'il y aurait en plus une réponse européenne sur les produits américains. Je crois que ce n'est pas soutenable non plus pour les Américains."

"Si l'Union européenne doit aussi démontrer à quel point c'est aussi une puissance et qu'elle peut aussi taxer fort les importations américaines, ce n'est pas non plus l'issue que nous devons souhaiter, a ajouté le membre du gouvernement [...] Aucun pays européen n'est à l'initiative de la situation dans laquelle nous sommes. Nous avons toujours dit qu'une guerre commerciale était mauvaise pour tout le monde, y compris les Etats-Unis."

Cependant, le ministre délégué au Commerce extérieur estime qu'il est nécessaire "de montrer des mesures de rétorsion" afin d'installer un véritable "rapport de force" dans les négociations qui se poursuivent selon lui. "Nous avons toute une série de produits américains qui sont aujourd'hui suspendus pendant 90 jours, rappelle-t-il. Avec la nouvelle menace, nous devrons mettre à la hauteur des montants concernés pour l'Union européenne des mesures de riposte et de rétorsion équivalentes [...] La négociation n'est rendue possible que si vous démontrez que vous savez tenir ce rapport de force."

"On ne se barricade pas mais on sort d'une forme de naïveté"

Evoquant une "donne du commerce mondial qui a changé", Laurent Saint-Martin insiste sur le fait que la menace ne vient pas seulement de l'ouest mais également de l'est dans cette guerre commerciale mondiale. "Les produits chinois, qui sont parfois subventionnés, vont venir trouver le marché européen de façon plus importante puisqu'ils seront davantage taxés s'ils exportent aux Etats-Unis, explique-t-il [...] Nous avons besoin d'être sur les deux fronts : la négociation avec les Etats-Unis mais il ne faut pas qu'il y ait un détournement des routes commerciales de la Chine vers l'Europe qui vienne fragiliser la compétitivité et la concurrence pour nos entreprises."

"C'est la fin d'un monde commercial comme nous l'avons connu pendant longtemps."

"On ne se barricade pas mais on sort d'une certaine forme de naïveté, d'ouverture à tout va qui a fragilisé notre propre industrie et nos propres emplois, souligne le membre du gouvernement. Si on veut que l'Europe soit une terre d'industrie et de création d'emplois et de valeur, il faut la protéger d'une concurrence qui n'est pas toujours équitable ou alors d'une guerre tarifaire." Mais le ministre déléguée au Commerce extérieur refuse tout pessimisme et estime que l'Europe peut sortir renforcée de cette séquence si elle "simplifie la vie des entreprises" et "arrive à attirer plus d'investissements, notamment chinois et évidemment américains."

Timothée Talbi