Dons des fidèles, patrimoine: comment le Vatican finance son budget

Des milliers de cardinaux venus des quatre coins du monde, leur logement, leurs frais divers sur place, sans compter les différentes cérémonies. Le conclave qui s’est officiellement ouvert mercredi 7 mai représente un évènement international d’importance. Si le volet sécurité est pris en charge logistiquement et financièrement par les autorités italiennes, dans le cadre des accords de Latran signés en 1929, le gros du budget du conclave incombe au Vatican (voir encadré ci-dessous). Or les finances du Saint-Siège ne sont pas au mieux.
Les comptes du Vatican dans le rouge
On ne connait pas le chiffre exact du budget, ni son détail, puisque le Saint-Siège ne publie pas ses comptes mais selon les estimations, le micro-État accuse un déficit structurel de 70 à 90 millions d'euros sur un budget total d'un milliard d'euros. Le budget 2025 avait même été retoqué à la fin d'année dernière par la commission des cardinaux avant de finalement être adopté en mars après avoir été corrigé à la baisse.

Concevoir un budget au Vatican relève toutefois de l’exercice d’équilibriste, car il ne s’agit pas d’un État comme les autres. Le Vatican ne perçoit en effet pas d'impôts et ses capacités fiscales sont limitées puisque la citoyenneté n'est accordée que provisoirement aux personnes qui travaillent pour le Saint-Siège. Les ressources principales proviennent de son patrimoine immobilier et surtout des dons.
Des dons en baisse, un patrimoine immobilier mal géré
Or, ces dons des fidèles sont en baisse. Ils sont passés de 100 millions d'euros en 2006 à moins de 50 millions en 2023.

Les musées du micro-État se classent aussi parmi les principaux contributeurs à son budget avec 100 millions d'euros générés. Or ceux-ci sont restés fermés pendant plus d'un an à cause du Covid.
La gestion du patrimoine immobilier du Saint-Siège, autre source essentielle de revenus, n’est également pas optimale alors que le Vatican possède près de 5.000 propriétés dans le monde (des bâtiments religieux mais aussi des bureaux, des immeubles et des appartements). Par exemple à Rome, seulement 15% des bâtiments appartenant au Vatican sont loués au prix du marché. Le manque à gagner est colossal.
Et puis, le Vatican n'est pas épargné par le problème du financement des retraites de ses 5.000 employés. Le déficit du fonds de pension serait compris entre 350 millions et 1 milliard d'euros
Des réformes structurelles
Pour remédier à ce qui ressemble à un panier percé, des réformes ont commencé à être engagées pour assainir les finances. Parmi elles, trois réductions consécutives du salaire des cardinaux, qui s'élèvent désormais à environ 4.500 euros mensuels. Il y a deux ans, le pape leur avait même demandé de payer un loyer.

Pour assainir les finances, François avait d’ailleurs créé un secrétariat pour l'Économie pour mieux contrôler le budget et encadrer les investissements. Des mesures anticorruption en adéquation avec les standards internationaux ont aussi été adoptées.
Autre gros chantier: la banque du Vatican. 5.000 comptes suspects liés à des escroqueries, des évasions fiscales ou autres malversations ont été fermés. Désormais, seules les personnes et les institutions directement liées à l’Église peuvent y ouvrir un compte. Cette remise en ordre semble porter ses fruits. En 2023, la banque du Vatican présentait un bénéfice net de plus de 30 millions d’euros.
Enfin, le Saint-Siège vend chaque année pour 20 à 25 millions d'euros de patrimoine pour couvrir notamment les frais de fonctionnement de la Curie. Mais c'est loin d'être suffisant pour combler le déficit.
Combien coûte l’organisation du conclave
Comme le détail du budget du Vatican, difficile de connaître le coût de l’organisation du conclave. Avant son ouverture ce mercredi, comme le rappelle l’AFP, le porte-parole du Saint-Siège Matteo Bruni avait seulement rappelé qu'il n'y aura pas de "sponsor" publicitaire.
Lors du dernier conclave, qui avait abouti à l’élection de François en 2013, le coût de la sécurité supplémentaire et du renforcement des transports publics avait été évalué par la mairie de Rome à 4,5 millions d’euros. Cette même année, le Saint-Siège avait rapporté un déficit de 24 millions d'euros, précise l’AFP.