Files d'attente interminables, surcoût: le casse-tête du pass sanitaire dans les centres commerciaux

Vue de l'intérieur du centre commercial Beaugrenelle à Paris, le 30 janvier 2021 - Ludovic MARIN © 2019 AFP
"Nous demandons à être retirés de la liste des établissements où le pass sanitaire est réclamé", exige Olivier Delamarre, directeur des centres commerciaux France d'Unibail-Rodamco-Westfield, invité ce vendredi sur notre antenne.
A partir du mois d'août, pour se rendre dans un centre commercial, il faudra montrer patte blanche et fournir un pass sanitaire. Mais la mesure inquiète les professionnels. Qui devra contrôler le pass sanitaire? Ces contrôles seront-ils effectués à l'entrée des établissements? Des compensations financières seront-elles versées pour les éventuels surcoûts?
Des files d'attente "de plusieurs kilomètres"
"Nous avons fait des tests. Le contrôle d'un pass sanitaire demande 30 secondes. Si vous contrôlez les papiers d'identité en plus, on passe à 45 secondes", affirme sur Olivier Delamarre, dont l'entreprise possède notamment le Forum des Halles et Les 4 Temps à Paris, ainsi que La Part-Dieu à Lyon.
Résultat, les files d'attente seraient équivalentes "à des kilomètres". Ce qui pose problème, surtout pour les entrées qui se font via des stations de métro.
"On demande à ce que le pass sanitaire soit obligatoire mais vérifié à l'intérieur du centre par les forces de l'ordre. Faire des contrôles à l'entrée du centre est impossible à cause des files d'attente. Sans compter que le masque n'étant plus obligatoire à l'extérieur, cela pourrait créer un chaîne de contamination", prétend Olivier Delamarre.
Le gouvernement opterait pourtant pour cette solution, qui permet d'éviter les flux de population inutiles. "On a des livreurs, des prestataires et d'autres personnes qui ne sont pas clientes qui sont amenées à rentrer dans les centres commerciaux. Les contrôler à l'entrée, c'est plus simple", tempère Yohann Petiot, directeur général de l'Alliance du Commerce, invité ce vendredi sur BFM Business.
"Mais nous avons demandé au gouvernement de rendre les contrôles plus simples, en permettant de contrôler seulement le pass sanitaire et non la carte d'identité, ce qui permettrait de gagner un peu de temps", ajoute-t-il.
Une fausse bonne idée pour Olivier Delamarre, dont le groupe gère les deux plus gros centres commerciaux de France. Ce serait la porte ouverte au partage illégal de pass sanitaires. "Ca revient à ne rien contrôler", affirme-t-il.
Un pass sanitaire pour aller se faire vacciner?
Les professionnels dénoncent des incohérences, notamment pour le cas des pharmacies installées dans les centres commerciaux, qui peuvent vacciner à l'AstraZeneca et au Moderna, et réaliser des tests antigéniques.
"On a même des centres de vaccination dans certains de nos centres commerciaux. Si on commence à demander le pass sanitaire aux gens qui viennent se faire vacciner, ça n'a pas de sens", s'indigne Olivier Delamarre, directeur des centres commerciaux français d'Unibail-Rodamco-Westfield.
Le gouvernement ne prévoit pour l'instant aucune exception, ni pour les pharmacies, ni pour les grandes surfaces alimentaires des centres commerciaux, cruciales dans certaines zones rurales.
Des compensations financières?
Enfin, les professionnels s'inquiètent des surcoûts engendrés par les contrôles systématiques des pass sanitaire des clients dans un premier temps, puis des salariés.
"Quelle que soit la personne qui sera amenée à faire le contrôle, ça coûtera cher car il faudra du personnel en plus ainsi qu'un équipement supplémentaire pour scanner le pass", déplore le directeur général de l'Alliance du Commerce.
Des discussions sont toujours en cours avec Bercy pour éclaircir certains points. Mais le gouvernement n'entend pas revoir sa copie. Elisabeth Borne, en visite jeudi au centre commercial Les 4 Temps à Paris, a rappelé la volonté de l'Etat "d'aller vite" pour "contrer le virus qui progresse".