Pass sanitaire: ce qui se profile pour les centres commerciaux
A partir du mois d'août, pour pénétrer dans l'enceinte d'un centre commercial, clients et employés devront fournir un pass sanitaire. Le gouvernement vient de boucler son avant-projet de loi, qui sera sur la table du Conseil des ministres lundi, avant un examen rapide à l'Assemblée nationale.
De nombreuses incertitudes demeurent. Qui sera chargé des contrôles? Des dérogations seront-elles accordées à certaines enseignes, à l'image des magasins alimentaires? Que se passera-t-il pour les salariés non vaccinés?
"A priori, l'exigence du pass sanitaire concernera les centres commerciaux de plus de 20.000 mètres carrés", indique sur notre antenne Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD), qui s'attend à une confirmation ce vendredi.
Contrôles à l'entrée
Et "les contrôles se feront à l'entrée" des centres commerciaux, assure Jacques Creyssel, invité jeudi du Grand Journal de l'Eco. Ce qui permettrait ainsi d'éviter des brassages de population inutiles.
Ces contrôles devraient être gérés par les centres commerciaux eux-mêmes. Reste à savoir si l'Etat leur versera une compensation financière pour les frais engendrés. "Et comment fera-t-on si ça se passe mal? On peut envisager de requérir les forces de l'ordre", avance le délégué général de FDC.
Pas de dérogation, même pour faire ses courses
Aucune dérogation ne devrait être accordée. "Pour les magasins alimentaires et les pharmacies, il nous apparaît difficile de réclamer un pass sanitaire. Imaginez s'il faut fournir un pass sanitaire afin de pouvoir aller se faire vacciner dans une pharmacie d'un centre commercial, ça devient un peu absurde", rétorque le délégué général de la FCD.
Outre les clients, les salariés des centres commerciaux devront eux aussi être titulaire d'un pass sanitaire. Ce qui pose de nombreux problèmes. D'une part, tous les salariés n'ont pas encore fait leur deux doses, et de l'autre, les rendez-vous s'arrachent depuis les annonces d'Emmanuel Macron. Le gouvernement a déjà prévenu qu'il ferait preuve de souplesse.
"Tous nos salariés ne sont pas vaccinés car beaucoup d'entre eux sont jeunes et qu'ils n'avaient pas le droit de le faire jusque récemment. On a obtenu un délai jusqu'au 1er septembre. Il faut donc qu'ils se fassent vacciner tout de suite et nous allons les y encourager", affirme Jacques Creyssel.
Des licenciements pour les réfractaires
Pour les réfractaires, les sanctions seront lourdes. "Leur contrat de travail sera suspendu et au bout de deux mois, ça sera le licenciement", assure le délégué général de la FCD. Un scénario catastrophe pour le secteur qui peine à recruter cette année. Des milliers de postes demeurent vacants, même dans les zones rurales. Une "nouveauté", selon Jacques Creyssel, pour un secteur qui n'avait jamais peiné à embaucher.
En visite ce jeudi au centre commercial 4 Temps à la Défense, la ministre du Travail Elisabeth Borne s'est montrée inflexible, rapporte Le Parisien. Aucun report du pass sanitaire, ni entrée libre avec contrôles aléatoires pour éviter les queues à l'entrée, ni délai allongé pour le pass sanitaire des salariés, n'est envisagé. En réponse aux inquiétudes des professionnels, Elisabeth Borne a indiqué: "Vous n’avez pas envie de refermer ? Donc nous devons aller très vite, car le virus est là et progresse".