Voitures hybrides: pourquoi Renault s'allie au chinois Geely

Renault tente de reprendre pied sur le marché chinois et pour y parvenir, le groupe français compte s’appuyer sur un poids lourd. Son nom: Geely. Propriétaire de Volvo depuis 2010, actionnaire à hauteur de 10% du groupe allemand Daimler (Mercedes) et copropriétaire de Smart, le constructeur automobile chinois a annoncé lundi qu'il s'alliait avec la marque au losange dans les voitures du futur.
"Geely Holding et le groupe Renault ont signé un protocole d'accord pour accélérer le "plan de Renaulution" en Chine et en Corée du Sud", peut-on lire dans le court communiqué publié par la marque chinoise.
Le point clé: les véhicules hybrides
"L'accent sera mis sur les véhicules hybrides sur les marchés asiatiques à croissance rapide", poursuit le communiqué, avec un partage des tâches mais aussi des "ressources et technologies".
"En Chine, sur la base des technologies existantes de Geely Holding et de son empreinte industrielle mature, les deux partenaires présenteront conjointement des véhicules hybrides de marque Renault, précisent les deux partenaires. Renault contribuera à la stratégie de marque, au développement des canaux et des services, en définissant le parcours client approprié".
La coopération portera également en Corée du Sud sur les économies d'énergie et la production de modèles spécifiques au marché sud-coréen vendus sous la marque Lynk&Co. De quoi faire grimper le taux d'utilisation des usines de Samsung Motors en Corée du Sud.
Les deux partenaires Geely et Renault ne précisent ni le montant des investissements communs pour développer de nouveaux modèles, ni la date de sortie des premiers modèles issus de cette coopération.
Selon Les Echos, l'objectif serait de commercialiser 100.000 à 150.000 véhicules en Chine par an sous la marque Renault.
Revenir en Chine, l’une des priorités de Luca De Meo chez Renault
Ce nouvel attelage fait figure de bouée de sauvetage pour Renault en Chine. Lors de la publication de ses résultats commerciaux au premier semestre, le premier marché mondial ne figurait même pas dans les quinze premiers marchés de Renault, conséquence de la descente aux enfers du groupe français les mois précédents.
Au printemps 2020, le groupe avait en effet annoncé ne plus se consacrer en Chine qu’à la production de véhicules utilitaires et électriques, loin de l’ambition de vendre 600.000 Kadjar, Koleos et Captur par an dans le pays, un objectif annoncé quand Renault s’était allié en 2013 avec Dongfeng.
La coentreprise avec cet autre grand constructeur chinois, la Dongfeng Renault Automotive Company (DRAC), avait alors cessé. Mais la stratégie électrique n’a pas non plus fonctionné: Renault avait ainsi arrêté en mars cette année la commercialisation de sa petite citadine dédiée au marché chinois, la K-ZE, base de la Dacia Spring produite en Chine dans l’usine de l’ancienne coentreprise et vendue en Europe.
Malgré ces déboires, dans son mémo "Renaulution", Luca De Meo expliquait que "la présence de Renault en Chine doit être réinventée via de nouveaux modèles commerciaux, qui pourraient s’appuyer sur une stratégie de partenariat solide, et au niveau national". C’est le schéma qui semble se dessiner avec Geely. Longtemps laissé comme chasse gardée de son partenaire au sein de l’Alliance Nissan, la Chine est devenue un axe stratégique pour Renault.
"En 2030, un constructeur qui ignore la Chine, c’est une table à laquelle il manque un pied", résumait Luca De Meo.
Des partenariats avec Daimler, Foxconn, Renault
Geely multiplie ces derniers mois les partenariats sur les véhicules électrifiés et connectés. Ce partenariat est ainsi le second signé en quelques mois sur les seules technologies hybrides. Fin novembre, le groupe chinois et son partenaire Daimler avaient annoncé leur coopération autour d’un groupe motopropulseur dédié aux hybrides.
"Ce moteur sera destiné à des applications hybrides et sera produit dans les usines des sociétés en Europe et en Chine. Il pourrait être utilisé par Mercedes-Benz AG avec ses partenaires établis en Chine ainsi que par le portefeuille plus large de marques du groupe Geely Holding, dont Volvo Cars", précisaient alors Daimler et Geely.
Début 2021, Geely voulait aussi renforcer sa place dans le véhicule électrique. Le groupe avait ainsi signé un partenariat avec Foxconn, le sous-traitant d’Apple qui veut aussi prendre une place importante dans la production de voiture électrique.
Geely a également un accord avec le géant chinois de l'internet Baidu pour la fabrication de voitures électriques sans chauffeur. La Chine, qui cherche à réduire ses émissions polluantes et sa dépendance envers le pétrole étranger, ambitionne de vendre environ 25% de véhicules électriques ou hybrides en 2025.