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Six concurrents veulent briser son monopole: Eurostar va acheter 50 trains et lancer trois nouvelles liaisons pour leur faire face en 2030

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Nouveaux trains à grande vitesse, renforcement de la fréquence: l'opérateur encore en situation de monopole vise les 30 millions de passagers en 2030, année où un ou plusieurs concurrents pourraient être opérationnels.

On se bouscule devant le Tunnel sous la Manche. Plusieurs acteurs ont indiqué leur intention de concurrencer Eurostar, filiale de SNCF Voyageurs, et en situation de monopole pour le transport de voyageurs vers le Royaume-Uni.

Il y a donc Uber Trains-Gemini Trains, Virgin, Evolyn, un consortium piloté par Mobico (ex-British National Express), l'italien Ferrovie dello Stato (FS), Heuro, une startup néerlandaise, ou encore l'espagnol Renfe.

Difiicile encore de savoir combien d'opérateurs se lanceront finalement, compte tenu des investissements à consentir et des très longs délais d'attente pour mettre la main sur des trains à grande vitesse neufs capables de circuler dans au moins deux pays. Ou encore à cause du manque de place à la gare londonienne de Saint-Pancras et dans le centre de maintenance de Temple Mills. Une chose est sûre, personne ne pourra se lancer avant 2029-2030.

De quoi laisser le temps à Eurostar de dérouler son plan d'attaque pour conserver ses positions. "Nous sommes sereins face à ces concurrents potentiels. Nous avons d’ailleurs toujours eu des concurrents sur nos routes avec l’aérien", explique à Voyages d'affaires.com Gwendoline Cazenave, PDG d'Eurostar.

"Nous souhaitons juste que cela se fasse dans le respect d’un cadre légal. C’est un point essentiel", ajoute-t-elle néanmoins.

RMC : 16/02 - La chronique de Frédéric Simottel : Un système de reconnaissance faciale pour Eurostar
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Nouvelles liaisons continentales

Au centre de cette stratégie, l'achat de jusqu'à 50 nouveaux trains. Le choix du constructeur sera pris d'ici la fin de l'année avec un objectif de livraisons pour 2030. "Ces futurs trains qui seront interopérables sur nos deux réseaux, transmanche et continental, doivent permettre à Eurostar de faire face à la croissance du marché envisagée", explique-t-elle.

Ces trains porteront la flotte totale à 67 rames, soit une augmentation de 30% par rapport à aujourd’hui. Cet achat de matériel neuf correspond à un investissement d'environ deux milliards d'euros.

Ces trains permettront à la compagnie de "continuer à monter en puissance. Eurostar est passé en septembre à quatre allers-retours quotidien sur Londres-Amsterdam. Et bientôt à cinq par jour dès le 15 décembre. Nous souhaitons également renforcer les fréquences sur Paris-Londres afin d’accroître le trafic de 2 millions de passagers par an sur cet axe", poursuit Gwendoline Cazenave.

Eurostar va également lancer trois nouvelles liaisons pour le début des années 2030: Londres–Francfort, Londres–Genève et Amsterdam/Bruxelles–Genève. "Avec en ligne de mire l’objectif d’atteindre les 30 millions de passagers en 2030" contre 19,5 millions de passagers transportés en 2024, en hausse de 5% sur un an.

Maintien d'un positionnement premium

Par contre, une chose ne changera pas: Eurostar restera premium, notamment du côté des tarifs, avec un fort tropisme pour la clientèle affaires. De quoi laisser un espace à la concurrence qui pourrait profiter des critiques des consommateurs sur la politique tarifaire du transporteur.

"Nous nous préparons à bouleverser le transport ferroviaire transmanche. Pendant trop longtemps, les passagers n’ont pas eu le choix et encore moins de plaisir. Nous ne sommes pas là pour copier. Nous sommes là pour rehausser les normes, stimuler l’innovation et offrir aux gens une meilleure façon de voyager", explique ainsi Richard Branson, le patron de Virgin.

"Notre ambition est évidemment d’offrir à nos clients l’excellence du service attendue. Nous travaillons beaucoup pour la clientèle affaires en facilitant au maximum leurs voyages", rétorque la patronne d'Eurostar.

"Eurostar, ce n'est pas une compagnie low cost", tranchait Gwendoline Cazenave dans un entretien à l'AFP en juillet dernier. "Nos voyageurs savent que s'ils anticipent, ils peuvent voyager de Londres à Paris pour 39 pounds" (ou 44 euros), répond Gwendoline Cazenave, qui met aussi en avant le service Eurostar Snap de prix réduits en dernière minute (mais sans connaître l'horaire du train attribué).

"La politique de service et la politique de prix que nous avons chez Eurostar, elle nous permet d'avoir 80%" de part de marché sur le Londres-Paris face à l'avion, plaide la dirigeante. Un chiffre "qui prouve", selon elle, que la compagnie répond à la demande sur ce segment ultra-fréquenté.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business