Tunnel sous la Manche: non, Virgin n'a pas déjà signé de contrat avec Alstom pour concurrencer Eurostar

"Virgin signe un contrat pour 12 trains neufs pour concurrencer Eurostar. Alstom fournira l'entreprise de Sir Richard Branson." Tel est le titre d'un article du Times publié la semaine dernière qui laisse entendre que Virgin a encore avancé dans son projet, annoncé officiellement en janvier dernier.
Sauf qu'en réalité, aucune commande ferme n'a été signée et pour cause. Tant que l’Office of Rail and Road (ORR) britannique n'aura pas décidé quel nouvel opérateur pourra accéder au dépôt de Temple Mills, dans l’est de Londres, le seul du pays pouvant recevoir des trains à grande vitesse circulant sous la Manche, rien ne pourra être conclu.
D'autant plus que plusieurs acteurs sont en lice pour briser le monopole d'Eurostar: le britannique Gemini Trains, Evolyn, un consortium piloté par Mobico (ex-British National Express), l'italien Ferrovie dello Stato (FS), Heuro, une start-up néerlandaise ou encore l'espagnol Renfe. Sans oublier Eurostar qui va augmenter le nombre de ses trains en circulation.
Et un nouvel opérateur seulement pourra entrer dans la bagarre tant que ce dépôt ne sera pas agrandi. La décision du régulateur est attendue à l'automne.
Alstom a en fait signé "une exclusivité contraignante" avec Virgin. En clair, si Virgin est choisi par le régulateur britannique, une commande ferme pourra être signée dans la foulée étant donné la solidité du projet de Virgin.
"Nous ne sommes pas là pour copier"
L'entreprise est en effet bien avancée dans son ambition de relier Londres et Paris, Bruxelles et Amsterdam à partir de 2030. Virgin affirme en effet être sur le point de finaliser un investissement de 700 millions de livres sterling (en fonds propres et en dette) et son offre de services a été formalisée et déposée auprès de l'ORR.
"Le financement et les trains en place, il n'ya plus d’obstacles majeurs à surmonter", explique le groupe.
Dans le Times, Richard Branson l'assure: "Nous nous préparons à bouleverser le transport ferroviaire transmanche. Pendant trop longtemps, les passagers n’ont pas eu le choix et encore moins de plaisir. Nous ne sommes pas là pour copier. Nous sommes là pour rehausser les normes, stimuler l’innovation et offrir aux gens une meilleure façon de voyager".
Une fois encore, Virgin orchestre une belle opération de communication lui permettant de s'afficher comme le projet le plus solide, le plus rapide à démarrer, en envoyant un signal au régulateur.
Reste que si Virgn signe avec Alstom, son objectif de se lancer en 2030 apparaît ambitieux aux yeux des experts. La firme a fait le choix d'un modèle dérivé de l’Avelia Stream d'Alstom qui roule à 250 km/h. Or il faudra adapter ce modèle pour qu'il soit capable de circuler dans le tunnel sous la Manche à 300 km/h et obtenir les homologations dédiées. Pour les experts, cette phase prendra entre cinq et sept ans.
"Avec plus de 2.900 trains à grande vitesse Avelia livrés dans le monde et une expérience prouvée pour ce qui est des trains circulant dans tunnel sous la Manche, Alstom est ravi de soutenir la candidature de Virgin auprès de l'Office of Rail and Road. Nous attendons avec impatience la décision de l’Office of Rail and Road (ORR) et nous nous réjouirions de voir Virgin apporter de la joie lors des trajets sous le tunnel", commente Alstom.