Prendre un train Uber pour aller à Londres? La compagnie qui va concurrencer l'Eurostar sous la Manche utilisera la marque américaine de VTC

La concurrence se bouscule aux portes du tunnel sous la Manche. Parmi les prétendants, on trouve le britannique Gemini Trains qui en mars dernier annonçait son intention de se lancer en 2029. En mai, le géant Uber annonçait un partenariat avec Gemini pour la distribution à travers son application de billets pour le futur service de train à grande vitesse sous la Manche, qui concurrencera Eurostar pour le moment en situation de monopole.
Aujourd'hui, ce partenariat se renforce puisque la marque commerciale de Gemini Trains sera Uber Trains. Un choix marketing plutôt pertinent tant la marque américaine est connue dans le monde. D'ailleurs Uber a déjà noué un partenariat de distribution avec l’opérateur ferroviaire espagnol Iryo.
"Avec les nouvelles générations qui optent plus facilement pour le train dans le cadre de leurs déplacements, il y a une vraie opportunité de rendre le secteur plus dynamique et d'offrir des tarifs compétitifs sur l'un des plus importants trajets ferroviaires d'Europe", explique Gemini.
Jusqu'à Cologne
Concrètement, la société prévoit de lancer des services de Londres vers Paris, Lille et Bruxelles, puis de s'étendre jusqu'à Cologne, porte d'entrée vers l'Allemagne et l'Europe de l'Est.
Contrairement à Eurostar, Uber Trains n'opérera pas depuis la gare de Saint-Pancras, qui arrive à saturation, mais depuis la gare de Stratford International, située dans l’est de Londres, elle même connectée à la nouvelle ligne de métro Elizabeth line. Elle souhaite également des départs depuis la gare internationale d’Ebbsfleet, dans le Kent.
Pour le reste, le projet Gemini-Uber est encore flou. On le sait, les besoins en capitaux pour se lancer sont colossaux et Gemini Trains ne dit rien sur ses capacités d'investissements.
Notamment pour acheter des trains, trains qui seront longs à obtenir compte tenu de leurs spécificités (pouvoir circuler à travers différents pays notamment) et des retards de production chez les industriels européens. Ces rames sont par ailleurs chères car elles doivent être capables de rouler à 300 km/h.
L'entreprise affirme qu'elle compte acquérir 10 trains à grande vitesse pour son service mais aucune commande ferme n'a encore été signée. Autant dire que la date de 2029 pour un lancement apparaît assez optimiste.
L'accès au dépôt londonien de Temple Mills, le seul capable d’entretenir des trains à grande vitesse aux normes européennes, est par ailleurs limitée. Il faudrait soit l'agrandir, soit en construire un autre car en l'état, les infrastructures actuelles permettraient d'accueillir qu'un seul concurrent à Eurostar. Le régulateur britannique doit décider cet automne quel acteur pourra s'y installer.
Beaucoup de candidats, peu d'élus
Et les candidats sont nombreux. Le plus avancé semble être Virgin dont l'ambition est de relier Londres et Paris, Bruxelles et Amsterdam à partir de 2030. Virgin affirme en effet être sur le point de finaliser un investissement de 700 millions de livres sterling (en fonds propres et en dette).
Dans le Times, Richard Branson l'assure: "Nous nous préparons à bouleverser le transport ferroviaire transmanche. Pendant trop longtemps, les passagers n’ont pas eu le choix et encore moins de plaisir. Nous ne sommes pas là pour copier. Nous sommes là pour rehausser les normes, stimuler l’innovation et offrir aux gens une meilleure façon de voyager".
On trouve également Evolyn, un consortium piloté par Mobico (ex-British National Express), l'italien Ferrovie dello Stato (FS), Heuro, une start-up néerlandaise ou encore l'espagnol Renfe. Sans oublier Eurostar qui va augmenter le nombre de ses trains en circulation.