Présidentielle: que proposent les candidats pour le train?
La transition écologique est au coeur des programmes des candidats à l'élection présidentielle. Et pour beaucoup, outre un nouveau mix technologique, agir sur les transports constitue un des leviers majeurs pour accélérer cette transition. Mais que proposent les candidats exactement?
Investir dans le réseau
Moyen de transport écologique par excellence (même si beaucoup de trains au diesel circulent encore sur le réseau), le ferroviaire suscite l'intérêt d'à peu près tous les candidats qui souhaitent mettre en place des investissements massifs dans le réseau en s'appuyant sur les propositions d'un rapport sénatorial et sur celui du régulateur.
Avec un objectif simple: amplifier le report modal de la voiture vers le train.
Des représentants des candidats ont d'ailleurs formulé leurs propositions lors d'un débat organisé par le thinkthank TDIE (Transport, développement, intrmodalité, environnement).
Il faut donc investir dans le réseau pour accélérer et le faire bien plus massivement que le contrat de performance de la SNCF qui est doté d'une enveloppe de 2,8 milliards d'euros. Ce qui se traduit par une surenchère entre les candidats.
Valérie Pécresse est la plus économe et propose d'ajouter 700 millions d'euros par an au contrat. Du côté d'Anne Hidalgo, on évoque 1 milliard supplémentaire essentiellement sur les lignes secondaires, les trains de nuit et le fret ferroviaire. Tandis que Fabien Roussel estime qu'il faudra dépenser 5 milliards d'euros par an.
Pour le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, ce sont 6 milliards d'euros, Yannick Jadot estime qu'il faudra investir 4 milliards d'euros par an au global...
Enfin, la porte-parole du président-candidat Emmanuel Macron n'a pas avancé d'objectif chiffré se contentant d'expliquer qu'il fallait "poursuivre et amplifier" ces investissements.
Les lignes
Si le gouvernement a stoppé l'approche "tout TGV" pour se concentrer sur "les lignes du quotidien", certains candidats veulent aller plus loin.
Jean-Luc Mélenchon entend interdire "toute fermeture de ligne et (nous) rouvrirons des milliers de kilomètres de liaisons dans la décennie à venir: à terme, toutes les préfectures et sous-préfectures de France seront desservies par le ferroviaire".
"Le TGV ne peut être le seul mode de déplacement de longue distance. Nous introduirons des trains classiques Intercités et des trains de nuit sur les relations longues distances, mêmes desservies par le TGV, à des prix attractifs, fixes et à réservation facultative", peut-on lire dans son programme.
Anne Hidalgo appelle à préserver les petites lignes et même à développer l'offre avec du cadencement pour les horaires, grâce à de nouveaux modèles économiques. La candidate socialiste promet également la création de 15 nouvelles lignes de trains de nuit. Elle souhaite le doublement des investissements dans le fret d'ici 2030.
Yannick Jadot, le candidat écologiste souhaite stopper les grands projets ferroviaires tels que Lyon-Turin, le Grand Paris Express (comme Jean-Luc Mélenchon), les lignes à grande vitesse Rhin-Rhône, la LGV Bordeaux-Toulouse ou Bordeaux-Dax-frontière espagnole.
"Nous ouvrirons de nouvelles lignes de trains d’équilibres du territoire (TET) et investirons sur la régularité et le cadencement de tous les réseaux de proximité. Nous soutiendrons l’émergence d’acteurs coopératifs qui se développent sur des lignes trop longtemps abandonnées par les pouvoirs publics afin de renforcer le maillage de lignes ferroviaires sur tout le territoire", peut-on lire dans le programme du candidat écologiste.
Valérie Pécresse propose de son côté un "grand plan d’investissement dans les transports: nouvelles liaisons TGV, lignes régionales structurantes", et une simplification des lois pour permettre l'annulation des grands projets de transport ferroviaire.
La concurrence
Le régulateur du ferroviaire (l'ART) estime que l'ouverture à la concurrence du rail en France est trop lente et trop complexe. Qu'elle décourage les nouveaux opérateurs. Et de fait, à ce jour, un seul concurrent de la SNCF roule en France sur les lignes à grande vitesse, Trenitalia.
Chez les candidats, il y a les pour et les contre.
Dans son programme, Jean-Luc Mélenchon propose la renationalisation de la SNCF et la création d'un "pôle public des transports et de la mobilité" et la fin de la concurrence dans les liaisons de voyageurs mais aussi de fret.
Même chose pour Fabien Roussel qui plaide pour que la SNCF revienne sous le giron de l'Etat.
Valérie Pécresse souhaite au contraire accélérer l'ouverture à la concurrence et estime qu'il faut baisser les péages (ce que payent les opérateurs à SNCF Réseau pour utiliser les voies) afin de la faciliter.
Pour Anne Hidalgo, la concurrence peut être positive mais elle ne doit pas se concentrer uniquement sur les lignes les plus rentables.
Les prix
Fabien Roussel plaide pour un abaissement de 30% des prix et une meilleure prise en charge des coûts de transports vers le lieu de travail par les employeurs. Le candidat du parti communiste français souhaite également la gratuité des transports en commun urbains et des TER.
Marine Le Pen propose de rendre gratuits les trains, en heures creuses, pour les 18-25 ans afin de permettre notamment aux étudiants de rentrer plus facilement chez eux et éviter leur isolement.
Jean-Luc Mélenchon veut rendre gratuits les transports en commun urbains dans les villes et les TER et cars régionaux pour les moins de 25 ans, les personnes privées d’emploi et les usagers disposant de faibles revenus.
Le candidat LFI souhaite également mettre en place le système du billet unique "sur le modèle de la Suisse: il sera possible de se déplacer gratuitement dans les transports en commun de la ville d’arrivée avec un seul billet grandes lignes SNCF".
Le social
Dans leur rapport, les sénateurs estiment que la SNCF est plombée par l'importance de ses effectifs, appellant à "des mesures courageuses". Ces réductions d'effectifs doivent se faire dans les ateliers de maintenance où le nombre de salariés est "surdimensionné", et à travers la modernisation du réseau et notamment l'automatisation généralisée des aiguillages.
Sur ce point très délicat, aucun des candidats ne s'est prononcé sur les suppressions de postes qui devront être réalisées...
L'impasse de certains candidats
Dans son programme, Eric Zemmour ne fait aucune propositions concrètes mais souligne qu'il veut faire des lignes de trains "de proximité la priorité budgétaire de la SNCF, en identifiant les lignes à moderniser et en soutenant les politiques de désenclavement par le train".
On ne trouve pas de propositions dédiés dans les programmes de Nathalie Artaud, Philippe Poutou et Jean Lassalle.
Curieusement, le programme du candidat Emmanuel Macron ne fait pas (encore) de propositions dans le domaine des transports. Mais le locataire de l'Eysée rappelle que son gouvernement a mis l'accent sur les petites lignes et les trains de nuit qui "ont été relancés". Il rappelle également avoir mis fin au régime spécial des retraites des cheminots pour les nouveaux entrants.