Le TGV "n'est pas un service public": le patron de la SNCF répond aux critiques sur les prix

A chaque ouverture des ventes, les critiques sont les mêmes. Les billets de train de la SNCF (et du TGV en particulier) sont trop chers, les prix augmentent trop vite, ou sont bien supérieurs une année sur l'autre. Pour beaucoup de consommateurs, les prix sont perçus de manière très négative. De quoi forcer l'opérateur à mener régulièrement des opérations de déminage.
Cette fois, c'est Jean-Pierre Farandou, PDG du groupe SNCF, qui s'y colle dans un entretien accordé au quotidien régional Le Progrès.
"Nous avons décidé d’augmenter les prix de 1,5% en moyenne, soit au même niveau que l’inflation, car les coûts augmentent. Quand on parle des prix des TGV, il faut rappeler une évidence: ce n’est pas un service public", rappelle-t-il.
Contrairement aux Intercités, financés par l'État ou aux TER financés par les régions, le TGV est une activité 100% supportée par la SNCF. "L’activité TGV doit gagner sa vie, il n’y a pas de subvention. Elle doit donc couvrir ses coûts. Comme toute activité, elle doit dégager des recettes pour couvrir ses coûts et dégager de l’argent pour investir", souligne le PDG.
"Prendre le TGV a son prix"
Et en effet, l'essentiel des bénéfices dégagés financent le renouvellement du réseau via un fonds de concours et l'achat indispensable de nouvelles rames.
"Une rame de TGV coûte 35 millions d’euros. On a commandé 115 TGV M. Il faut les financer. Il faut aussi investir dans les ateliers de maintenance des TGV. Nous assumons que prendre le TGV a son prix", explique Jean-Pierre Farandou.
Sans oublier le prix des péages, payés à SNCF Réseau pour avoir le droit de circuler, ils sont parmi les plus chers d'Europe, augmentent encore cette année, et peuvent représenter jusqu'à 40% du prix d'un billet pour certaines destinations comme Lyon.
Reste que les prix augmentent très vite, parce que l'opérateur applique une tarification dynamique en fonction du remplissage des trains et des dates de départ. Une tarification qui est en plus dopée par une fréquentation de plus en plus importante. En résumé, les petits prix ne sont pas très nombreux et ne le restent pas longtemps.
"Le TGV, c’est une gamme d’offre. Il y a des prix élevés, mais il y a aussi des petits prix. Sur les Ouigo, il y a peut-être des prix à 100 euros, mais la plupart sont à 15, 20 ou 25 euros. L’indicateur que je surveille avec attention, c’est l’évolution du prix moyen: c’est le chiffre d’affaires total du TGV divisé par le nombre de billets. Or il ne bouge pas: il est à 45 euros depuis cinq ans. Quand il nous arrive d’augmenter les tarifs, c’est toujours en dessous de nos coûts", affirme le PDG.
Des moyens pour éviter la hausse rapide des prix mais...
"Je sais bien que parfois les prix augmentent vite, mais pour l’éviter, il y a la possibilité de prendre un billet Ouigo, d’acheter son billet à l’avance. La carte Avantage permet également de se prémunir contre ces hausses de prix. Il y a des moyens commerciaux d’éviter les augmentations des prix", plaide-t-il.
Sur le papier, le futur ex-PDG de la SNCF a raison. Dans les faits, c'est un peu plus complexe. Ouigo ne répond pas à toutes les attentes, notamment en termes de confort. Par ailleurs, si la moyenne d'augmentation des tarifs paraît mesurée face à l'inflation, c'est une moyenne.
En 2023, quand la SNCF annonce une augmentation moyenne de 5%, l'ART, le régulateur des transports l'évalue plutôt à 8% pour TGV et même 10% pour Ouigo. Ce qui n'est pas vraiment la même chose pour le portefeuille du consommateur.