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TGV: des trains toujours plus remplis en 2023 mais aussi plus chers qu'annoncé

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L'ART, le régulateur des transports, a publié son bilan définitif pour 2023. Tous les voyants sont au vert pour l'opérateur. La hausse des tarifs des TGV atteint 8%.

Depuis 2021, l'engouement pour le train ne se dément pas. Qu'il s'agisse de TGV, de trains de nuit ou de TER, la fréquentation ne cesse de progresser. Une bonne nouvelle pour l'environnement.

L'ART, le régulateur des transports, a publié son bilan définitif pour 2023 et tous les voyants sont en effet au vert pour l'opérateur.

Globalement, la fréquentation des trains a augmenté de 5% en 2023 sur un an. Celle des TGV progresse de 6% avec un taux d'occupation moyen de 77% (alors que le nombre de rames a baissé: 363 rames contre plus de 400 fin 2019).

Mais c'est encore une fois les TER qui bondissent avec une fréquentation en hausse de 21% par rapport à 2019, notamment grâce à de nombreuses incitations financières dans les régions.

Le train représente 10,4% des déplacements

"Le train est le seul mode de transport ayant dépassé dès 2023 son niveau de fréquentation d'avant-crise (du Covid-19) en France", affirme l'ART. Malgré tout, si la part modale du train progresse (+1,2 point depuis 2019), elle plafonne toujours autour des 10% (10,4% précisément) face aux autres modes de transport, note le rapport.

Si ces chiffres sont une bonne nouvelle pour les caisses de la SNCF (qui l'an passé a encore bouclé un exercice bénéficiaire), pour le consommateur, c'est une autre histoire.

Avec un parc de TGV sous dimensionné, les trains se remplissent très vite lors des périodes de pointe (comme les prochaines vacances de Noël) et les prix aussi sous l'effet de la tarification dynamique.

Au point que les augmentations constatées par l'ART sont supérieures à ce qui avait été annoncé par la SNCF pour l'an passé. Face à la flambée de l'inflation, la SNCF avait annoncé une augmentation moyenne de 5% des prix de ses TGV.

"Entre l'explosion des prix de l'énergie (+180%) et l'inflation sur les autres postes, nos coûts augmenteront de 13%", expliquait Christophe Fanichet, patron de SNCF Voyageurs.

Selon le bilan du régulateur, "les prix ont augmenté pour l’ensemble des classes tarifaires et distances parcourues, mais plus fortement pour les services à bas coûts Ouigo", souligne le rapport.

"Les prix effectifs des services ferroviaires librement organisés (soit les TGV Inoui et Ouigo) ont augmenté en 2023 de +8%", peut-on lire, "dépassant en euros courants leur niveau de 2019".

C'est donc trois points de plus que ce qui avait annoncé initialement. Si on ne prend que les TGV Ouigo, la hausse atteint même 10% sur un an, selon le rapport.

La SNCF conteste

"Une hausse plus forte que l’inflation annuelle (+4,9%), étant affectés par la hausse notable des taux d’occupation", peut-on lire.

"Les prix sont ainsi plus élevés aux mois de juin et juillet, concomitamment à la hausse du taux moyen d’occupation des trains, tandis qu'ils sont plus faibles en janvier et février", explique l'ART.

Les prix des services domestiques (Intercités et TER) ont progressé de 6%.

Interrogée, la SNCF indique que "cette évolution est basée sur l’indice de 2019". L'entreprise maintient qu'"entre 2019 et 2023, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 12,7% tandis que les prix moyens de l’offre TGV de SNCF Voyageurs ont augmenté de 5% seulement".

"Par ailleurs, pour la comparaison entre 2023 et 2022, il faut rappeler que le Covid (variant Omicron) était encore très présent sur le 1er trimestre 2022. Durant cette période, SNCF Voyageurs a choisi de maintenir une offre de transport, alors que la fréquentation s’est avérée bien plus faible qu’à la normale", poursuit l'opérateur.

La SNCF explique donc que "corrigé de l’inflation et de l’effet d’Omicron, le prix moyen des trains à grande vitesse se stabilise en 2023 par rapport à 2022, conformément à l’engagement sur le bouclier tarifaire".

Tarifs TGV: +2% au premier semestre 2024

Sur le cas des 10% d'augmentation pour Ouigo, la SNCF indique que "les distances se sont allongées ces dernières années sur notre offre low cost. Ouigo propose des destinations plus lointaines vers le Sud (Perpignan), la Bretagne (Brest) et la façade Atlantique (La Rochelle). Ainsi, les prix sont plus élevés sur des destinations plus lointaines qui n’existaient pas auparavant. Cependant, le bouclier tarifaire a été respecté, comme SNCF Voyageurs s’y était engagée".

Enfin, l'ART note que les tarifs du TGV ont progressé de 2% au premier semestre 2024, la SNCF a annoncé une augmentation moyenne de 2,6% pour l'année pour les TGV Inoui.

Pour compenser cette augmentation, le gouvernement a annoncé pour 2024 le gel des tarifs des trains Intercités (dont l'État est l'autorité organisatrice) et des TGV Ouigo, l'offre low cost à grande vitesse.

Une qualité de service qui se dégrade

"La qualité de service de l'offre ferroviaire s'est de nouveau dégradée en 2023", a également relevé l'ART. Non seulement il y a eu moins de trains programmés, mais les grèves contre la réforme des retraites et les intempéries qui touchent surtout les TER, ont fait chuter la ponctualité.

"Le nombre de trains ayant effectivement circulé et arrivant à l'heure à leur terminus par rapport au nombre de trains prévus" est ainsi passé de 81% en 2022 à 78% l'année dernière.

En cinq ans, l'offre de trains à grande vitesse a également diminué de 15% en raison de la mise au rebut de plusieurs rames.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business