La justice rejette un nouveau recours des opposants à la ligne à grande vitesse entre Toulouse et Bordeaux

Nouvelle défaite pour les opposants aux travaux pour la création de la ligne à grande vitesse ferroviaire entre Bordeaux et Toulouse, qui s'inscrit dans la refonte de la ligne Paris-Toulouse devant permettre de relier les deux villes en 3h10, soit une heure de moins qu'actuellement. La justice administrative a en effet rejeté mardi, en référé, un recours qui contestait l'autorisation environnementale accordée pour des travaux liés à ce projet dans le nord de Toulouse. Les juges du tribunal administratif de Toulouse ont "considéré que les moyens soulevés par l'association requérante n'étaient pas de nature à créer, en l'état de l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la décision attaquée" et rejeté sa "demande de suspension" des travaux, a expliqué la juridiction dans un communiqué.
Les Amis de la Terre Midi-Pyrénées estimaient que l'autorisation environnementale accordée à l'opération d'aménagement ferroviaire du nord de Toulouse (AFNT), premiers travaux réalisés dans cette zone dans le cadre du chantier LGV, était "insuffisamment motivée" et "entachée d'un vice de procédure". Ces arguments ont été rejetés par le tribunal dont la décision valide "à titre provisoire" la légalité de l'arrêté d'autorisation du préfet de la Haute-Garonne du 9 février 2024.
La juridiction rappelle que ce rejet intervient en référé, c'est-à-dire dans le cadre d'une procédure d'urgence, et qu'elle reste saisie au fond pour juger "dans les prochains mois" de la légalité de l'autorisation environnementale en question. Rappelons que la "première pierre" des travaux d'aménagements ferroviaires au nord de Toulouse a été posée le 7 mai dernier.
Un projet à 14 milliards d'euros
Au programme de cette première phase de travaux: 19 kilomètres de doublement de voies au nord de Toulouse, 12 kilomètres au sud de Bordeaux, la construction de trois gares et deux haltes ainsi que l'installation de 1.500 poteaux caténaires. Le Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) prévoit également une phase 2 avec la construction d’un tronçon entre Bordeaux et Dax, dans les Landes, destiné à être prolongé vers l’Espagne en direction de Saint-Sébastien et Madrid.

"Dans quelques années maintenant, Toulouse et l’Occitanie seront enfin connectées à la grande vitesse. Vers Paris d’une part, mais aussi vers le Sud de l’Europe. Cette infrastructure nous permettra par ailleurs d’augmenter la fréquence des trains du quotidien sur l’axe Toulouse-Montauban, à la manière d’un RER", se félicite Carole Delga, présidente de la région Occitanie, région qui investira le plus dans le projet.
Cette nouvelle LGV est très attendue par les habitants et les entreprises des zones concernées. Selon un sondage Odoxa, près de 8 Français sur 10 et plus de 9 Espagnols sur 10 l'approuvent. Par ailleurs, 10.000 emplois directs et indirects pourraient être créés.
"Aberration écologique"
Mais le projet est loin de faire l'unanimité. Il est ainsi fortement contesté par Pierre Hurmic, le maire EELV de Bordeaux. Il dénonce "un projet du passé", car le chantier "occuperait 4.830 hectares de terres naturelles, agricoles et forestières" et serait donc en contradiction avec les ambitions écologiques de l'Etat. Le collectif "LGV Non merci" qualifie cette LGV "d'aberration" écologique et économique. Notamment parce qu'une partie du projet sera financée à travers une taxe spéciale d’équipement (TSE), prélevée sur 2.340 communes situées à moins de 60 minutes en voiture d’une future gare desservie en TGV.
Il s'agit de l’un des plus grands chantiers d’infrastructure de transport en France, avec un investissement total de 14 milliards d'euros financé par l'Etat (40%), les collectivités territoriales (40%) et l'Union européenne (20%) pour au global 418 kilomètres de lignes nouvelles. Mais plusieurs collectivités du Sud-Ouest, inquiètes d'un éventuel abandon du projet sur fond de rigueur budgétaire, ont appelé fin juillet l'Etat à tenir "ses engagements".