"C'est abusé": pourquoi les billets de TGV pour Noël paraissent-ils si chers?

À chaque ouverture de la billetterie SNCF pour des périodes chargées comme les vacances de Noël ou d'été, les consommateurs étalent leur colère au sujet des prix.
"Les prix des trains sur la période de Noël c'est abusé... Encore l'année dernière je pouvais payer 80 euros pour un A/R en train direct. En 2024, le jour de l'ouverture à 6h c'est 80 euros un aller simple et non direct", se désole Nate sur X.
"J’ai trop la haine contre la SNCF, les billets pour noël sortent aujourd’hui je me lève a l’heure, pour le même train que l’année dernière j’me prend 30 euros de plus, presque trois mois à l’avance les billets sont déjà au prix le plus fort, c'est trop abusé", renchérit Emmalo sur le même réseau social.
"Il faut vendre quelle partie de son corps pour s'acheter des billets de train #Sncf ? Non mais sérieux ça me coûte plus cher de voyager en France pendant les fêtes que prendre un billet d'avion pour aller en Europe, il ne faut pas s'étonner qu'on préfère l'avion, les prix ont doublé", regrette Charlène.
Les augmentations de prix sont une réalité et la SNCF ne s'en cache d'ailleurs pas. Reste à en connaître le niveau précis et c'est là que les opinions divergent.
Officiellement, pour faire face à l'explosion de ses coûts, la SNCF a procédé cette année (en février) à une augmentation moyenne des prix des billets TGV Inoui de 2,6% (Ouigo TGV et Intercités ont vu au contraire leurs prix gelés cette année). Depuis, il n'y a pas eu de nouvelle augmentation assure l'opérateur.
Reste qu'il s'agit d'une moyenne ce qui implique des augmentations plus élevées dans l'absolu.
Il faut donc bien comprendre qu'il y a des hausses inférieures, mais aussi supérieures en fonction des destinations, des dates et des profils des voyageurs.
+2,6% en 2024?
Néanmoins, cette moyenne est également contestée. En 2023, alors que l'inflation, flambe, SNCF Voyageurs annonce une augmentation moyenne de 5% des prix de ses TGV.
Selon les calculs de l'ART, l'Autorité de régulation des transports, "le 'prix moyen' des trains à grande vitesse a augmenté de 7% en 2023, soit plus fortement que l’inflation (4,9% selon l'Insee, ndlr)", peut-on lire dans une note.
Elle atteint même 10% sur les Ouigo, selon elle alors que la compagnie ferroviaire avait promis que "les prix minimums TGV et TGV Ouigo n'augmenteront pas, les grilles de prix Ouigo n'augmenteront pas".
De quoi expliquer un ressenti bien différent de la part des clients. Pour autant, l'opérateur conteste ces affirmations. L'entreprise maintient qu'"entre 2019 et 2023, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 12,7% tandis que les prix moyens de l’offre TGV de SNCF Voyageurs ont augmenté de 5% seulement".
Sur le cas des 10% d'augmentation pour Ouigo, la SNCF indique que "les distances se sont allongées ces dernières années sur notre offre low cost. Ouigo propose des destinations plus lointaines. Ainsi, les prix sont plus élevés sur des destinations plus lointaines qui n’existaient pas auparavant. Cependant, le bouclier tarifaire a été respecté, comme SNCF Voyageurs s’y était engagée".
Le second moteur de l'augmentation des prix est la tarification dynamique (ou yield management) appliqué avec science par SNCF Voyageurs.
Anticiper pour éviter la flambée
En clair, les prix minimums des TGV (ils existent bel et bien) ne le restent vraiment pas longtemps. Le prix d'une place varie (augmente, car il ne baisse jamais) en fonction de la date, de la demande, du remplissage du train au moment où la réservation est faite. Un siège pour une destination recherchée, pendant un week-end, réservé tardivement sera facturé au plus haut.
Son prix pourra être trois fois plus élevé que la même place réservée très à l'avance pour un départ en semaine au petit matin.
Or, avec l'engouement actuel pour le train, et un parc de TGV limité voire sous-dimensionné (les nouveaux TGV ne sont pas attendus avant la seconde moitié de 2025), les trains se remplissent très vite, et les prix augmentent au même rythme.
Selon les observations de Trainline (un concurrent de SNCF Connect), attendre ne serait-ce qu'une semaine après l'ouverture de la billetterie (10 semaines avant un départ donc), c'est s'exposer à des tarifs en hausse et "les économies possibles sont moindres".
Car la plateforme l'assure, s'y prendre dès l'ouverture de la billetterie, c'est l'assurance de pouvoir faire des bonnes affaires. "Les voyageurs ayant réservé leurs billets 11 semaines en avance, soit la semaine de l’ouverture des ventes, ont pu réaliser jusqu’à 38% d’économies sur certains trajets", explique Trainline.
Il faut donc anticiper un maximum même si cela n'efface pas le risque de subir une sensible augmentation pour le même trajet à la même date sur un an.