Pourquoi les prix des billets de la SNCF risquent d'être bientôt encore plus variables

C'est la principale critique faite à la SNCF. La très grande variabilité des prix irrite aujourd'hui de plus en plus les clients. C'est le fameux "yield management" inventé pour l'aérien qui est appliqué depuis de nombreuses années à la SNCF (qui préfère le terme de "tarification dynamique"). Une approche qui s'inscrit dans une logique d'offre et de demande.
Ainsi, le prix d'une place varie en fonction de la date, de la demande, du remplissage du train au moment où la réservation est faite. Un siège pour une destination recherchée, pendant un week-end, réservé tardivement sera facturé au plus haut. Son prix pourra être trois fois plus élevé que la même place réservée très à l'avance pour un départ en semaine au petit matin.
Problème, lors des pics de réservation, et alors que le train est de plus en plus populaire, les trains se remplissent très vite et du coup, les prix augmentent aussi très vite. D'une heure à l'autre, le prix pour une même place gonfle rapidement. Un phénomène amplifié par la problématique du parc de TGV aujourd'hui sous-dimensionné face à la demande.
Démultiplier les possibilités tarifaires
Cette volatilité pourrait encore s'amplifier en 2024. Car la SNCF met la dernière main à l'intégration d'un nouvel outil informatique de tarification baptisé S3 Passenger (développé par Sqills), déjà utilisé par de nombreux opérateurs ferroviaires dans le monde.
Comme le signalent Les Echos, ce nouveau progiciel, déjà opérationnel pour Eurostar, les TER de Normandie et Ouigo, doit permettre de démultiplier les possibilités de la tarification dynamique avec une grille tarifaire encore plus large qui pourra s'adapter à plus de profils de voyageurs, plus de scénarii. Donc de déboucher sur encore plus de volatilité tarifaire.
Interrogée par BFM Business, la SNCF justifie cette migration par l'ancienneté de son système actuel (Résarail) qui date de 1993. "SNCF Voyageurs a choisi de faire évoluer son système de réservation dans un contexte de nécessaire modernisation de ses SI (système d'information, NDLR). L’outil actuel datant de plusieurs décennies. Il vise à doter l’entreprise d’un système robuste, agile et performant".
Surtout, l'opérateur assure que cette évolution "sera sans conséquence et invisible de nos clients dans le processus de réservation de leurs billets de trains". Traduction, l'expérience de réservation (à travers l'application SNCF Connect ou le site Web) ne changera pas.
Mais le transporteur se garde bien d'évoquer la variation des prix. Une chose est sûre, cette évolution concernera "les trains qui circuleront à partir de début d’année prochaine" explique la SNCF.
Un peu de pédagogie
Difficile d'évaluer aujourd'hui la nouvelle ampleur de la variabilité tarifaire que proposera l'opérateur sur ses trains. Le sujet est sensible.
La SNCF le dit et le répète à l’envi: si le "yield management" n'était pas utilisé, il y aurait certes moins de prix très élevés mais aussi beaucoup moins de prix très bas et la moyenne serait rehaussée, ce qui pourrait éloigner certaines populations, les moins riches, du train. Et d'insister sur l'utilisation de la carte Avantage qui plafonne les prix.
Pour autant, alors que le prix des billets augmente en moyenne de mois en mois selon l'Insee, comment faire passer le message?
La SNCF vient donc de lancer des petites vidéos pédagogiques sur les réseaux sociaux dont une répond justement à la question de la volatilité tarifaire. Avec un peu d'humour: "pourquoi les prix des trains à grande vitesse peuvent changer à grande vitesse?".
Dans cette animation (déjà vue près de 4 millions de fois), la SNCF le reconnaît, "les choses peuvent aller très vite", tout en expliquant qu"il s'agit "d'éviter d'avoir des trains plein à craquer et d'autres qui circulent à vide". Et de répéter que "grâce à cette méthode, 89% des billets sont vendus moins cher que si les prix étaient fixes".