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La concurrence fait (pour le moment) fondre les prix des trains entre Paris et Lyon

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Alors que les tarifs moyens de la SNCF sont en hausse sensible cette année, sur ce seul axe où l'opérateur est en concurrence, le comparateur Trainline observe une très importante baisse de prix sur deux ans. Mais cela pourrait ne pas durer.

La concurrence dans le rail est clairement une bonne nouvelle pour le pouvoir d'achat des consommateurs. Pour le moment, un seul axe (Paris-Lyon-Milan) est concerné avec un seul acteur en concurrence avec la SNCF, l'italien Trenitalia qui s'est lancé fin 2021.

Un an et demi après ce lancement, cet affrontement débouche sur une réelle baisse de prix, alors qu'au niveau national les tarifs pour les lignes à grande vitesse sont sensiblement orientés à la hausse.

Ainsi, selon la plateforme Trainline*, sur les trajets Paris-Lyon, la baisse est de 44%, par rapport à la même période de 2019. Pour le trajet Paris-Milan, la baisse est de 30% par rapport à 2019.

Surtout, cette baisse s'intensifie. Toujours sur Paris-Lyon, fin 2022, le repli était de 40% par rapport à 2019 selon une précédente étude de Trainline.

-44% sur deux ans

La fonte des prix sur cet axe stratégique pour la SNCF, car le plus rentable au niveau national, est évidemment dû à la politique agressive de Trenitalia qui cherche à prendre rapidement des parts de marché, l'aller simple est vendu à partir de 35 euros.

Interrogé par BFM Business, Trainline ne donne pas de détails sur la ventilation de cette baisse entre les deux opérateurs. Il y a un an néanmoins, Kombo (une plateforme de réservation de billets de train à l'échelle européenne) estimait que l'offre de l'italien était 38% moins chère en moyenne que celle de la SNCF avec Inoui (TGV classiques) avec 54,74 euros contre 88,22 euros.

Reste à savoir si cette tendance va se maintenir. Si Trenitalia a entraîné les prix à la baisse, c'est en partie grâce à un rabais obtenu sur les péages payés à SNCF Réseau pour avoir le droit de circuler sur la ligne, ce qu'on appelle un "tarif différencié".

Trenitalia a obtenu ce tarif pour deux années et négocie actuellement afin de le prolonger encore un an. SNCF Réseau nous explique qu'"il faut le justifier, il ne faut pas créer de distorsion de la concurrence même si on souhaite faciliter l'entrée de nouveaux acteurs sur le marché à travers un appui temporaire".

Mais une chose est sûre, à partir de la 4e année d'exploitation, Tranitalia devra payer le prix normal, le prix fort puisque le péage de cette ligne est le plus cher du réseau. Il deviendra alors compliqué de maintenir un modèle économique agressif à moins que Trenitalia puisse faire circuler plus de trains.

Prix des péages en hausse

D'autant plus que SNCF Réseau va appliquer une hausse généralisée de 7% de ses tarifs l'an prochain qui touchera tous les opérateurs. "Une hausse indispensable pour financer les opérations de maintenance" justifie la filiale de la SNCF. Sans oublier la hausse possible du prix de l'électricité.

D'un autre côté, la SNCF et Trenitalia pourraient être incités à rester agressifs sur cette ligne pour rester compétitif face à un troisième acteur qui montre le bout de son nez: l'espagnol Renfe.

Ce dernier qui lance ses opérations en France le 13 juillet entre Lyon-Barcelone et Marseille-Madrid avec des billets à partir de 19 euros ne cache pas sa volonté de s'attaquer à Paris-Lyon en 2024. Comme Trenitalia, il devrait alors avoir accès à ce fameux "tarif différencié" lui permettant de casser les prix.

*: Les données récoltées portent sur les réservations de billets effectuées pour les périodes courant du 1er juillet 2023 au 31 août 2023 et du 1er juillet 2019 au 31 août 2019 (voyages loisirs, hors TGV max).

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business