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"L'autoroute électrique" pour camions pourrait bientôt arriver en France

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D'après Les Echos, un consortium public-privé se met en place pour tester un réseau de caténaires de deux kilomètres sur un grand axe routier dans le sud de l'Alsace, avant 2026.

Après la multiplication des bornes de recharge électrique, il s'agit peut-être de la prochaine évolution majeure des autoroutes françaises. Selon Les Echos, l'Hexagone pourrait suivre l'exemple de la Suède et de son voisin allemand en lançant des expérimentations d'"autoroutes électriques" pour camions dans les prochaines années. Le quotidien évoque la fin 2025 comme horizon de ce test, qui devrait avoir lieu sur un grand axe routier du Haut-Rhin, au sud de l'Alsace.

Plusieurs acteurs industriels en lice

L'initiative serait le fruit d'un consortium public-privé qui travaille actuellement sur cette solution d'alimentation électrique de camions de marchandises par des caténaires et pantographes, semblable aux tramways en ville ou encore aux trains électriques. Cette forme de partenariat s'inscrit dans la continuité d'un appel à projet du ministère des Transports, lancé dans le cadre du quatrième volet du programme d'investissements d'avenir.

Côté financier, Bpifrance devrait intervenir autour de cette expérimentation alsacienne tandis que plusieurs acteurs industriels sont pressentis pour y prendre part comme le constructeur suédois de poids lourds Scania, détenu par le groupe Volkswagen, ou encore la filiale Equans du groupe Bouygues et éventuellement l'allemand Siemens.

Le premier met déjà sur les routes allemandes une flotte de 22 camions équipés pour les routes électriques et pourrait allouer un ou deux véhicules de notre côté de la frontière. Le second travaille activement sur l'électrification des infrastructures routières tandis que le dernier a développé depuis dix ans une solution de caténaires.

Plus efficace que les bornes de recharge

Les caténaires constituent une solution d'alimentation des poids lourds particulièrement intéressante à côté des bornes de recharge déployées massivement sur les autoroutes. "Si l'on veut charger des camions en 45 minutes à raison de 640 kilowatts-heure, cela suppose une installation énorme de 800 kWh à un mégawatt", indique aux Echos Gilles Baustert, directeur marketing, communication et affaires publiques de Scania France.

"Si l'on électrifie seulement 3 % du réseau routier le plus emprunté par les camions, on le décarbone à hauteur de 60 %. Pas la peine d'électrifier tout le réseau", note Gilles Baustert.

Selon le quotidien économique, le coût de l'électrification des quelque 9000 kilomètres concédés à des sociétés concessionnaires sous contrat avec l'État se chiffrerait à 35 milliards d'euros.

Plusieurs technologies à l'étude

Dans l'esprit des chercheurs, le pantographe assurerait l'alimentation électrique sur l'autoroute et une fois quitté l'axe routier, un moteur thermique ou une batterie électrique chargée grâce au caténaire prendrait le relais. Mais Bpifrance ne ferme pas la porte à d'autres options pour électrifier les déplacements des poids lourds sur les autoroutes.

Parmi les alternatives figure notamment la conduction de l'électricité par rail dans le sol qui est utilisée par Alstom pour ses tramways livrés à Bordeaux, Angers ou Tours. Dans la région de Cologne, des filiales de Vinci ont aussi mené des expérimentations de système "sans contact" par induction, "où une bobine réceptrice sous le camion communique avec une boucle intégrée à la chaussé" comme explique Les Echos.

Timothée Talbi