JO de Paris 2024: la SNCF tâte le terrain afin de mettre en place une prime d'assiduité

Se mettre en ordre de bataille et anticiper tout mouvement social qui pourrait mettre en péril l'organisation des Jeux olympiques de Paris l'an prochain. Tel est l'objectif des opérateurs de transports et notamment de la SNCF qui sera au coeur du dispositif.
La SNCF cherche d'abord à muscler ses effectifs. Ce qui n'est pas une mince affaire puisqu'elle compte recruter cette année pas moins de 7300 personnes après 6145 l'an passé. Outre les besoins pour les JO, il s'agit de remettre à niveau des effectifs rognés par les départs, les arrêts maladie ou encore l'absentéisme.
Outre les métiers techniques sur lesquels la SNCF recrute toujours beaucoup (conduite, maintenance des trains et des voies, circulation…), d’autres profils sont recherchés en nombre cette année: métiers commerciaux, sûreté ferroviaire, ingénieurs systèmes d'information ou encore personnels médicaux.
Des échanges mais pas encore de négociations
Difficile de dire si ces objectifs seront tenus (car l'entreprise a bien du mal à recruter) mais un autre enjeu commence à inquiéter la direction de l'opérateur: la gestion des plannings car les JO tombent, comme d'habitude, pendant les congés d'été.
Comment mobiliser les effectifs? Comment faire en sorte qu'un maximum de salariés soient présents (et donc décalent leurs vacances d'été pour certains)? Comment, enfin, écarter tout risque de mouvement social pendant cette période?
Selon Le Parisien, la SNCF réfléchirait au principe d'une prime ou d'un "accompagnement indemnitaire aux cheminots qui accepteraient de décaler leurs congés d’été pour être pleinement disponibles entre le 26 juillet et le 11 août 2024".
Selon nos informations, pour le moment, la SNCF tâte le terrain auprès des organisations syndicales. L'Unsa-Rail nous confirme des "échanges" à ce sujet mais "pas de négociations à ce stade". Même réponse de la part de Sud-Rail qui confirme que "des négociations sont prévues (à ce sujet) mais n'ont pas encore commencé".
Selon un représentant syndical cité par nos confrères, en l'état, cette prime serait en valeur "très inférieure" à celle de 450 euros versée par la RATP aux chauffeurs de bus, la régie étant confrontée aux mêmes problèmes de pénurie de personnels que la SNCF.
Contactée par nos soins, la SNCF confirme ces premières discussions. "Nous échangeons en effet actuellement avec les organisations syndicales sur les modalités d’accompagnement des salariés qui seront mobilisés sur les JO en juillet-août 2024. Nous n’avons pas plus de détails à transmettre à ce stade".
Une "idée saugrenue" pour la CGT
Sur BFMTV, Béranger Cernon, syndicaliste et ancien secrétaire général CGT des cheminots de la Gare de Lyon à Paris estime cette idée "saugrenue et qui n'a pas lieu d'être". "Les gens le feraient sans problème s'il y avait vraiment du dialogue social dans l'entreprise, si l'ambiance était bonne. Aujourd'hui la réalité c'est qu'on a un vrai problème de recrutement à la SNCF, on a des salaires qui sont gelés depuis plus de 8 ans. "
"Les efforts ne seront pas fournis si l'entreprise ne répond pas aux questions salariales, de l'emploi et des retraites", prévient Béranger Cernon.
"La SNCF doit d'abord remotiver ses troupes" ajoute Fabien Villedieu, Délégué général Sud-Rail, "aujourd'hui, elle a des difficultés de recrutements et de démissions, il faut augmenter les salaires à la SNCF. Cette histoire de prime a au moins un mérite, c'est qu'elle reconnaît qu'il y a un problème d'attractivité à la SNCF".
"On ne va pas se faire acheter à coup de prime"
Mais outre la présence en force des effectifs, l'entreprise publique cherche également à éviter toute grève pendant les JO, ce qui aurait des conséquences désastreuses pour l'organisation mais surtout l'image de Paris et de la France.
En plus de cette prime, la SNCF entend s'appuyer sur la Charte sociale des JO signée par les cinq principaux syndicats et les organisateurs. Cette charte a impliqué les syndicats dès le début de l'organisation de l'événement, dans son pilotage et sa gouvernance, une première.
Des engagements ont été pris, notamment afin de garantir "une exemplarité sociale" sur les chantiers par exemple, avec le patronat et les entreprises impliquées. Le gouvernement espère-t-il en retour que les syndicats évitent toute tension pendant cette période cruciale?
Rien n'est moins sûr. "On ne va pas se faire acheter à coup de prime", assène Béranger Cernon, "aujourd'hui, on a cassé notre statut, on a cassé nos retraites et on va nous expliquer qu'on a vraiment besoin de nous et qu'il va falloir venir gratter tout l'été, c'est pas comme ça que ça marche", souligne le syndicaliste qui n'écarte pas de conflit social pendant les JO.