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Crash A320: les précédents cas de suicide de pilote

Un pilote dans le cockpit d'un Airbus A320, en 2009. (photo d'illustration)

Un pilote dans le cockpit d'un Airbus A320, en 2009. (photo d'illustration) - Matt Weibo – Flickr - CC

La thèse du suicide du copilote de l'Airbus A320 de la Germanwings fait désormais partie des hypothèses privilégiées pour expliquer le crash de l'avion dans les Alpes-de-Haute-Provence, mardi. Un scénario qui s'est déjà produit à plusieurs reprises par le passé.

"On entend un bruit de respiration humaine dans le cockpit, jusqu'à l'impact". Cette phrase, glaçante, a été prononcée par le procureur de Marseille, Brice Robin, ce jeudi, alors qu'il racontait le déroulement des dernières minutes dans le cockpit de l'A320 de la Germanwings, avant qu'il ne vienne s'écraser contre la montagne, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Confirmant que le copilote, Andreas Lubitz, était bien vivant et seul aux commandes de l'appareil au moment du crash, après avoir refusé d'ouvrir la porte du cockpit au commandant de bord, le procureur a indiqué qu'il s'agissait d'une "volonté de détruire l'avion".

L'acte délibéré apparaît donc désormais comme la thèse privilégiée, et le suicide fait partie des explications possibles. Si les cas de suicides de pilotes aux commandes d'un avion restent rares -moins de dix cas ont été recensés en quarante ans- la situation s'est déjà produite à quelques reprises dans l'histoire de l'aviation civile. Retour sur les principaux cas.

> Le vol 470 de la Mozambique Airlines

Il s'agit du dernier cas de suicide de pilote en date. Le 29 novembre 2013, le vol 470 de la Mozambique Airlines effectuant la liaison Maputo-Luanda, s'écrase dans le parc national Bwabwata, dans le nord de la Namibie, avec 33 personnes à bord.

L'analyse des boîtes noires de l'avion, un Embraer 190, a permis de démontrer que le commandant de bord s'était retrouvé seul dans le cockpit, tandis que son copilote frappait à la porte du poste de pilotage, le suppliant d'ouvrir. Les alarmes d'alertes sonnaient dans le cockpit, pendant que l'avion était en train de chuter de 1.800 mètres par minute. L'enquête a prouvé que cette chute avait été intentionnellement commandée par le copilote lui-même. Un scénario qui rappelle étrangement celui raconté ce jeudi par le procureur de Marseille au sujet de l'A320.

La carcasse de l'avion de la Mozambique Airlines, en Namibie, le 30 novembre 2013.
La carcasse de l'avion de la Mozambique Airlines, en Namibie, le 30 novembre 2013. © Namibian police - AFP

> Le vol 990 d'EgyptAir

Il s'agit du cas le plus meurtrier et le plus célèbre, bien que la thèse du suicide soit contestée par certaines parties de l'enquête. Le 31 octobre 1999, un Boeing 767 de la compagnie égyptienne EgyptAir reliant Los Angeles au Caire s'abîme dans l'Atlantique, avec 217 personnes à bord, au large des côtes est-américaines.

D'après les enquêteurs américains de la NTSB, l'agence américaine de la sécurité dans les transports, le crash de l'avion résulte d'une manoeuvre intentionnelle du copilote, qui s'est suicidé. Le décryptage des boîtes noires a en effet révélé que le copilote de l'avion, qui avait de gros problèmes financiers, avait tenu des propos laissant peu de place au doute, juste avant le crash de l'appareil. "J'ai pris ma décision maintenant. Je m'en remets à Dieu", avait-il dit, seul, juste après que le commandant de bord s'était absenté du cockpit. Il avait ensuite coupé le système de pilotage automatique, faisant ainsi chuter l'avion en flèche.

Une version des faits contestée par les enquêteurs égyptiens, pour qui l'avion s'est écrasé à cause d'une défaillance mécanique.

Des proches des victimes du crash du vol EgyptAir, le 31 octobre 1999.
Des proches des victimes du crash du vol EgyptAir, le 31 octobre 1999. © Stan Honda - AFP

> Le vol 185 SilkAir

Deux ans plus tôt, le 19 décembre 1997, un Boeing 737 de la compagnie singapourienne SilkAir plonge dans la rivière Musi, et s'écrase près de Palembang, sur l'île de Sumatra, une demi-heure après son décollage de Jakarta. Le drame fait 104 morts. Les enquêteurs américains concluent au suicide du pilote, malgré le fait que les boîtes noires se sont révélées inutiles puisqu'elles avaient été débranchées avant le crash. Mais l'explication n'est pas partagée par le bureau d'enquête indonésien, selon qui rien n'étaye cette version.

A l'époque des faits, la presse, qui avançait la thèse du suicide, avait précisé que le commandant de bord venait de faire l'objet d'une sanction disciplinaire, avait été rétrogradé, et croulait sous les dettes.

Un morceau de la carcasse du vol SilkAir est extrait de la rivière Musi, à Sumatra, le 20 décembre 1997.
Un morceau de la carcasse du vol SilkAir est extrait de la rivière Musi, à Sumatra, le 20 décembre 1997. © Kemal Jufri - AFP

> Le vol 630 de la Royal Air Maroc

Le 21 août 1994, lors d'un vol Agadir-Casablanca, le pilote d'un ATR-42 de Royal Air Maroc écrase délibérément son appareil au sol, dans les montagnes de l'Atlas, dans le sud du Maroc, faisant 44 morts. L'enquête, appuyée notamment sur les dernières paroles de la copilote qui s'étonne que le commandant de bord effectue des manoeuvres non conformes à la règlementation aérienne, permet de conclure à un suicide. Ce dernier lui aurait répondu "mourir, mourir..."