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Cabines, douches… À quoi pourraient ressembler les futurs trains de nuit?

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L'État a lancé son appel à candidatures pour la fabrication de 180 voitures et 27 locomotives. L'idée est de monter en gamme… mais il faudra être patient.

Très attendu, le renouvellement du parc des trains de nuit est enfin lancé. L'État est à la manoeuvre puisqu'il est l'autorité organisatrice de ces trains d'équilibre du territoire (TET), quasiment tous déficitaires.

L'appel à candidatures pour la fabrication de 180 voitures et 27 locomotives vient ainsi d'être publié. Avec les investissements pour de nouveaux centres de maintenance, la dépense "sera de plusieurs centaines de millions d'euros".

Si le volume de commandes envisagé "permettrait tout juste de moderniser les trains sur les lignes existantes", regrette Réseau action climat -qui misait sur de nouvelles lignes comme l'avait promis Emmanuel Macron, il va enfin permettre d'en finir avec ces rames Corail qui fêtent leur 50 ans, tractées par des locomotives tout aussi anciennes et sujettes aux pannes.

L'idée est de monter en gamme pour satisfaire une demande en hausse pour ces trains et s'aligner sur ce qu'on peut voir chez nos voisins.

"L’Etat souhaite que les voitures proposent une gamme élargie de niveaux de confort", annonce Pierre-Christophe Soncarrieu, adjoint au responsable de l'autorité organisatrice des TET au ministère des Transports.

Des constructeurs peu nombreux et très sollicités

Concrètement, selon Mobilettre, les industriels devront proposer cinq types de voitures, soit cinq classes de service (de quoi laisser libre cours à la créativité):

  • Des voitures à sièges inclinables
  • Des voitures à compartiment pour les familles ou les groupes
  • Des voitures à mini-cabines couchettes
  • Des voitures-lits avec lavabo
  • Des voitures-lits avec douche et WC privatifs
"Il s'agit bien des catégories de confort que nous visons" confirme auprès de BFM Business, Pierre-Christophe Soncarrieu.

"Le matériel comprendra des places spécifiques pour les voyageurs en fauteuil roulant, lits ou sièges inclinables, avec accès à des sanitaires adaptés. Huit places pour le transport des vélos équipées de prises électriques existeront pour chaque tranche de TET de nuit. Une attention particulière sera apportée à la conception et construction durables de ce matériel", ajoute-t-il.

Chaque train de nuit comportera au maximum 16 voitures et devra proposer ces cinq types de voitures.

Rappelons que ce matériel sera loué. "Nous sommes en contact avec différents loueurs, et plusieurs se montrent intéressés et échangent déjà avec des constructeurs", explique Pierre-Christophe Soncarrieu.

Objectif 2030

Mais compte tenu du nombre restreint de constructeurs de voitures de ce type (les géants comme Alstom ou Talgo n'en fabriquent plus), il faudra être patient. Seul l'allemand Siemens a conservé ce business grâce aux commandes de l'opérateur autrichien ÖBB pour ses Nightjets. Résultat, son contrat passé en août 2018 ne s'est concrétisé qu'en 2024.

Il y a également quelques constructeurs de niche en Europe de l'Est comme Skoda Transportation, mais leurs carnets de commandes sont déjà très remplis. Bref, les délais de livraison s'allongent avec une attente qui peut atteindre quatre, cinq voire six ans. L'État en est conscient et fixe à 2030 la date des premières livraisons.

Près d'un million de voyageurs ont emprunté les trains de nuit l'an passé contre 700.000 en 2022, mais avec moins de liaisons proposées. L'arrivée de trains neufs, plus confortables et surtout plus fiables, constituera sans nul doute un argument de poids pour une nouvelle clientèle plus exigeante.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business