Relancés il y a moins de deux ans et plébiscités par les voyageurs, les trains de nuit Paris-Berlin pourraient déjà disparaître, sacrifiés sur l'autel des économies budgétaires

Relancé en grandes pompes en décembre 2023, le train de nuit Paris-Berlin/Vienne est déjà en danger. Rappelons que ces deux liaisons nocturnes sont proposées par ÖBB (les trains autrichiens) en partenariat avec SNCF Voyageurs et DB (les trains allemands).
Et pourtant, le succès est bel et bien au rendez-vous avec un taux de remplissage moyen de 70% environ (et même 90% en période estivale), une très belle performance. Mais comme le révèle le collectif "Oui au train de nuit", l’État français menace de supprimer la subvention à la SNCF pour ces trains.
Selon nos informations, cette "aide au lancement" a été versée en 2024 et en 2025 mais ne serait pas versée pour l'année 2026, le gouvernement on le sait cherchant à faire à tout prix des économies budgétaires. Cette liaison de nuit serait donc sacrifiée sur l'autel des déficits publics malgré son succès. Sans cette aide, ÖBB et DB n'entendent plus assumer les déficits seuls, la liaison pourrait donc s'arrêter net en décembre prochain.
Pour se justifier, l'Etat à travers la DGTIM (la Direction générale des infrastructures, des transports et des mobilités) reproche à la SNCF et à ses partenaires allemands et autrichiens de ne pas avoir tenu la promesse de créer une desserte quotidienne afin de rendre l'équation économique de ce train de nuit viable (et donc de ne pas tenir la trajectoire financière de cette offre). Rappelons que c'est l'ÖBB qui fournit le matériel roulant.
"Tout le monde se renvoie la balle"
En effet, pour le moment, on ne compte que trois allers-retours par semaine, or le modèle des trains de nuit est contraint: avec plus de trains en circulation, on baisse mécaniquement ses coûts fixes qui sont élevés.
Selon Réseau Action Climat, "tout le monde se renvoie la balle. Le pire, c'est qu'on parle d'une somme dérisoire pour l'Etat et la SNCF. Il faut que les opérateurs parties prenantes se parlent pour trouver une solution, on veut que cette ligne soit maintenue, surtout qu'il y a énormément de monde dans ces trains".
Interrogée, la SNCF ne souhaite pas faire de commentaires. Joint par BFM Business, le ministère des Transports n'a pas encore retourné nos demandes de commentaires.
"On essaye de les faire changer d'avis face à cette mesure d'économie budgétaire mais ils rejettent la faute sur les opérateurs", explique à BFM Business, Nicolas Forien du collectif "Oui au train de nuit".
Selon ce collectif, la compagnie nationale ne joue pas le jeu. "La SNCF ne vend pas les billets sur sa plateforme SNCF Connect, et n'informe même pas sur l'existence de ces trains qu’elle opère pourtant, limitant ainsi les recettes de la ligne", explique-t-il.
"Au final, les trains de nuit internationaux sont en 2025 dans la même situation que les trains de nuit nationaux en 2015: la SNCF dégrade le service et encourage ainsi l’État à s’en débarrasser, sur fond d’un cadre réglementaire mal adapté. Ce n’est pas acceptable que les deux seuls trains de nuit internationaux qui desservent la France à l’année disparaissent. Chacun des acteurs dispose d’une marge pour agir et chacun peut faire un pas pour relancer véritablement les trains de nuit internationaux", poursuit-il.
Le collectif lance un appel à "l’État pour qu’il continue à soutenir ces lignes, quitte à renégocier la subvention, en échange d’un engagement des opérateurs à faire rouler les trains quotidiennement". Et a lancé une pétition.