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Après les TER en régions, la concurrence arrive dans le RER et le Transilien: voici la calendrier d'ouverture des lignes (qui crispe les syndicats)

Un transilien (image d'illustration)

Un transilien (image d'illustration) - PATRICK KOVARIK / AFP

Les premiers vainqueurs des appels d'offres seront connus dès l'an prochain mais pour certaines lignes comme le RER C, le calendrier est repoussé. SNCF Voyageurs devra défendre ses positions face à des acteurs comme Transdev, Keolis ou la RATP. Les syndicats affichent leur inquiétude.

C'est un très gros morceau. Après les TER dans plusieurs régions, l'ouverture à la concurrence en Ile-de-France accélère avec la mise en jeu de plusieurs lignes de RER (non RATP) et du Transilien aujourd'hui exploitées exclusivement par SNCF Voyageurs. Des lignes qui transportent des millions de Franciliens chaque jour.

Ile-de-France Mobilités est en train de formaliser plusieurs appels offres et les nouveaux opérateurs seront désignés entre la mi-2026 et 2032 (2038 pour le RER C) pour des mises en service étalées entre fin 2027 et fin 2032 (2039 pour le RER C).

Rappelons que les opérateurs en jeu devront se plier aux exigences ambitieuses de ces appels d'offres en matière de fréquence, de ponctualité et en volume de trains.

Selon un document que nous nous sommes procuré, voici ce calendrier d'ouverture à la concurrence en Ile-de-France. Il sera soumis au vote du conseil d'administration d'IDFM le 17 octobre prochain.

  • Ligne J (277.000 voyageurs par jour): opérateur désigné à la mi 2026 pour une mise en service fin 2027
  • Lignes N et V (157.000 voyageurs par jour): opérateur désigné fin 2027 pour une mise en service au 2e trimestre 2029
  • Ligne R et Etoile de Corbeil (66.000 voyageurs par jour): opérateur désigné en 2028 pour une mise en service fin 2029
  • Ligne U (52.000 voyageurs par jour): opérateur désigné au 2e trimestre 2029 pour une mise en service fin 2030
  • RER D et lignes H et K (924.000 voyageurs par jour): opérateur désigné au 2e trimestre 2030 pour une mise en service fin 2031
  • Ligne P (120.000 voyageurs par jour): opérateur désigné au 2e trimestre 2031 pour une mise en service fin 2032
  • RER E (620.000 voyageurs par jour): opérateur désigné au 2e trimestre 2031 pour une mise en service fin 2032
  • RER C (541.000 voyageurs par jour): opérateur désigné au 2e trimestre 2038 pour une mise en service fin 2039
  • Rappelons que la ligne L a été attribuée à la SNCF et sa filiale SNCF Voyageurs Coeur Ouest en mai dernier

Pour certaines lignes comme le RER C, le calendrier est largement repoussé pour la simple et bonne raison que les trains neufs n'ont toujours pas été commandés. Les nouveaux opérateurs récupèrent en effet les trains en circulation ou des rames neuves achetées par IDFM.

À date, plusieurs régions françaises ont concrétisé l'ouverture à la concurrence de leurs TER. Dans le sud-est, Transdev circule depuis juin sur Marseille-Nice tandis que la RATP a remporté un lot important en Normandie.

Mais la SNCF a gagné des lots en Hauts-de-France, et dans les Pays-de-la-Loire mais aussi les premiers lots en Ile-de-France (la ligne L et les tramways T4, T11 et T14 avec Keolis). Plusieurs autres appels d'offres sont en cours dans les régions.

En Ile-de-France, SNCF Voyageurs devra défendre ses positions face à des acteurs comme Transdev, Keolis ou la RATP qui rêvent de briser ce monopole historique. Mais dans la région capitale, la donne est différente compte tenu de la densité du trafic, du volume, du nombre des passagers et des contraintes du réseau. Il faudra être solide pour assumer ces lots.

Exigences

Traditionnellement contre l'ouverture à la concurrence accusée de fragmenter le réseau ferré français, les syndicats de la SNCF affichent encore plus leur méfiance en ce qui concerne les RER et les Transilien.

Un point inquiète en particulier: le lot énorme qui couvre le RER D et lignes H et K qui transportent chaque jour près d'un million de personnes. Ces trains passent par Corbeil, également concernée par un autre lot (Ligne R et Etoile de Corbeil).

Selon un représentant syndical, ce noeud ferroviaire est déjà très sensible, complexe à gérer et la perspective d'avoir plusieurs opérateurs en même temps à cet endroit, exploités de manière autonome, risque de démultiplier les dysfonctionnements et donc les retards pour les travailleurs franciliens.

Pour les concurrents de la SNCF, ces appels d'offres sont au contraire une manne financière mais il faudra convaincre face aux exigences de la région, surtout sur ces lignes sensibles. Dans les bus par exemple, si la RATP a perdu des dizaines de lignes en région parisienne, elle a conservé l'exploitation hautement stratégique des bus à Paris intra-muros.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business