BFM Business
Transports

Après la victoire de la SNCF en Hauts-de-France, la concurrence grince des dents

placeholder video
"Qu'est-ce qui va se passer si au prochain appel d'offres, c'est encore la SNCF qui gagne? Les autres opérateurs vont se décourager" se désole Alexandre Gallo, le président de l'Afra, le club des concurrents de la SNCF.

L'ouverture à la concurrence des trains de voyageurs fait baisser les prix et améliore la qualité de service, mais ses bienfaits ne perdureront que si des opérateurs alternatifs gagnent des appels d'offres, a estimé jeudi Alexandre Gallo, le président de l'Afra, club des concurrents de la SNCF.

"L'arrivée de la concurrence a surtout servi à faire plier la SNCF sur la qualité et les prix", a observé le président du club des concurrents du groupe public, prenant le dernier exemple des Hauts-de-France.

Cette région a annoncé mercredi avoir retenu la SNCF pour continuer à exploiter des TER autour d'Amiens, au terme d'un appel d'offres l'opposant à l'opérateur alternatif Transdev. SNCF Voyageurs a beaucoup baissé ses prix, proposé de faire rouler plus de trains, promis un taux élevé de ponctualité et accepté le principe de pénalités importantes en cas de dysfonctionnements.

"Qu'est-ce qui va se passer si au prochain appel d'offres, c'est encore la SNCF qui gagne? Les autres opérateurs vont se décourager, et il n'y aura plus que la SNCF. La qualité va à nouveau se dégrader car il n'y aura plus de concurrent en face", a lancé Alexandre Gallo, s'inquiétant en outre de ce que tout n'est pas prêt, côté social, pour le transfert de l'exploitation d'un opérateur à l'autre.

Face à ces commentaires, un porte-parole de l'opérateur indique: "SNCF Voyageurs fait part de son étonnement et de son incompréhension suite aux propos du président de l’AFRA. Nous nous interrogeons sur le sens de ces déclarations préoccupantes alors que nous concourons comme tous les opérateurs qui le souhaitent aux appels d’offres et que nous en avons déjà perdu un. Nous appelons à respecter la liberté de choix des autorités organisatrices". 

Plusieurs appels d'offres en cours

Sur trois appels d'offres lancés par les régions pour leurs TER, SNCF Voyageurs en a pour l'instant remporté deux, et Transdev un. Les prochains résultats sont attendus d'ici l'été dans les Pays-de-la-Loire et en Ile-de-France. D'autres régions comme la Bourgogne-France-Comté ont parallèlement prolongé leur bail avec l'opérateur historique.

Alexandre Gallo, PDG de DB Cargo France (la filiale de fret ferroviaire de la Deutsche Bahn), s'est également plaint des conséquences pour le transport de marchandises de la forte hausse de l'électricité, passée de 112 à 473,51 euros le MWh cette année.

"On n'a aucune vision, aucune aide", a-t-il déploré.

"Le risque, c'est le report modal inversé, le retour à la route", laquelle est "plus compétitive", bénéficie d'aides gouvernementales et est moins perturbées par les grèves des cheminots, a prévenu Alexandre Gallo. Le rail devrait être d'autant moins compétitif que les péages exigés par SNCF Réseau doivent fortement augmenter l'an prochain, selon lui.

Paradoxe au moment où on s'intéresse à la Planète, "la traction diesel est moins chère" que l'emploi de locomotives électriques pour les trains de marchandises, a-t-il regretté. Pourtant, "le marché est là", a-t-il assuré.

OC avec AFP