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Concurrence: malgré les tensions, la SNCF remporte un appel d'offres en Hauts-de-France

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Ce premier lot concerne l'"étoile d'Amiens" qui représente 17% des TER dans la région.

Surprise en Hauts-de-France. Malgré le violent bras de fer entre Xavier Bertrand, président de la région et la SNCF au sujet des dysfonctionnements du service, la région a décidé de confier à l'opérateur historique l'exploitation de trains régionaux dans la région d'Amiens.

Ce choix est le résultat d'un appel d'offres lancé en 2020 dans le cadre de l'ouverture à la concurrence des trains régionaux qui doit être effective à la fin de cette année.

"Le choix n'a été pas difficile entre les deux candidats", SNCF Voyageurs et l'opérateur Transdev (filiale de la Caisse des dépôts), a indiqué à l'AFP une source proche du dossier. "Dans la notation, la SNCF est devant. Il n'y a pas photo: on prend le meilleur", a-t-elle ajouté.

Quand la SNCF veut, la SNCF peut !", s'est félicité Xavier Bertrand, soulignant que l'entreprise s'engageait "à faire mieux avec les mêmes moyens". De quoi justifier ce choix.

Ce premier lot concerne l'"étoile d'Amiens" qui représente 17% des TER dans la région (Amiens-Tergnier-Laon, Amiens-Saint-Quentin, Amiens-Albert, Amiens-Abbeville, Beauvais-Abancourt-le-Tréport, Amiens-Creil, Amiens-Montdidier-Compiègne).

Le contrat débutera fin 2024, pour neuf ans.

La SNCF accepte la multiplication par 4 des pénalités

Selon la source proche du dossier interrogée par l'AFP, SNCF Voyageurs s'est entre autres engagée à un objectif de régularité de 98,5% et à une augmentation de l'offre de 9,5%. Les pénalités seront multipliées par 4 et la Région pourra résilier le contrat en cas de faute sans verser d'indemnités.

Les dysfonctionnements du réseau TER sont au centre d'un bras de fer récurrent entre le patron LR des Hauts-de-France, qui dénonce notamment un important manque de conducteurs, et la SNCF. Les Hauts-de-France avaient suspendu un temps les paiements dus à l'exploitant.

La SNCF a d'ailleurs annoncé lundi la nomination d'un nouveau directeur chargé du "programme de redressement de la performance" dans la région, Bertrand Gosselin, ancien directeur général de la compagnie franco-belge Thalys.

"Nous, ce qu'on attend, c'est des actes", a-t-on réagi dans l'entourage de Xavier Bertrand. "À l’heure actuelle, il manque toujours 60 conducteurs dans la région et on a 100 trains supprimés par jour".

"La SNCF sera partout"

Ces appels à la concurrence ont lieu (ou ont eu lieu) dans la plupart des régions françaises. Pour la SNCF, c'est un risque majeur de perdre son monopole historique. Mais, comme on le voit en Hauts-de-France, l'opérateur historique entend défendre bec et ongles son pré-carré.

"La SNCF sera partout, a assuré son PDG Jean-Pierre Farandou. On va se battre sur chaque appel d’offres".

Mais cela ne marche pas à tous les coups. La région PACA a ainsi été la première à avoir sélectionné (en 2021) un opérateur concurrent de la SNCF (Transdev) pour exploiter la très fréquentée ligne Marseille-Nice. Il débutera ses opérations en 2025 et ce, pendant dix ans.

Ailleurs en France, la SNCF va tenter de contrer les propositions de concurrents en Nouvelle-Aquitaine, dans les Pays de la Loire, en Normandie, et surtout en région parisienne.

Olivier Chicheportiche avec AFP