Accident de TER dans les Ardennes: pour la SNCF, la présence ou non d'un contrôleur ne provoque "pas de différence de niveau de sécurité"

- - Philippe Huguen- AFP
La présence ou non d'un contrôleur à bord d'un train ne fait "pas de différence de niveau de sécurité", estime le PDG de la SNCF Guillaume Pepy dans un entretien accordé ce vendredi aux journaux du groupe Ebra.
Cette prise de parole intervient le jour même de la publication d'un rapport interne sur l'accident de TER survenu la semaine dernière dans les Ardennes, durant lequel le conducteur, légèrement blessé, a dû gérer seul la sécurité des passagers.
"Les trains conçus pour être conduits en agent seul ont des équipements spéciaux, des caméras de montée et descente, un signal d'alarme par interphonie et le conducteur est spécialement formé pour conduire seul", insiste Guillaume Pepy, interrogé sur la question des "contrôleurs dans tous les trains" réclamés par les cheminots.
Le passage à niveau "a bien fonctionné"
Le 16 octobre, un TER reliant Charleville-Mézières à Reims a percuté un convoi routier exceptionnel bloqué sur un passage à niveau. La collision a fait 11 blessés. Lui-même touché et seul agent SNCF à bord, le conducteur du train s'était retrouvé sans moyens de communication en état de fonctionnement. Il a dû porter secours aux quelque 70 passagers et sécuriser les abords pour éviter un sur-accident.
Après cet accident, la SNCF va "renforcer les équipements d'alerte radio en cas de choc important" pour les autorails grande capacité (AGC), comme le TER en question, a par ailleurs annoncé vendredi la direction dans un courrier accompagnant un rapport interne sur cet accident.
Ce rapport, réalisé par la direction des audits sécurité de la SNCF, "a confirmé que le passage à niveau a bien fonctionné" et que "le conducteur du train a appliqué la réglementation", précise le directeur général sécurité, Fabrice Delorme. Il "comporte quatre recommandations", note-t-il.
Débat autour du droit de retrait après l'accident
Les circonstances de cet accident ont entraîné dans toute la France une série d'arrêts de travail de conducteurs et contrôleurs sur la base du droit de retrait (possibilité pour un salarié de cesser le travail en cas de danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé, ou s'il constate une défectuosité dans les systèmes de protection). Ces arrêts de travail ont très fortement perturbé le trafic sur tout le réseau de vendredi à dimanche, et dans une moindre mesure lundi, alors que débutaient les vacances scolaires.
En dehors des sujets techniques et de sécurité, l'exercice du droit de retrait après cette collision fait l'objet depuis d'un bras de fer entre syndicats d'un côté, gouvernement et direction de la SNCF de l'autre. En question: la légalité ou non de ce droit de retrait, le gouvernement et la direction considérant qu'il s'agissait d'une grève illégale, tandis que les syndicats le jugent au contraire légitime.