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Pourquoi en vendant moins de voitures PSA affiche des résultats financiers record

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PSA a enchaîné une nouvelle année record côté finances. Modèles best-sellers, marge élevée par véhicule, le groupe français se retrouve cependant très dépendant de l’Europe.

4100 euros de prime d'intéressement, c'est ce que toucheront cette année tous les salariés de PSA. Ce mercredi, leur PDG Carlos Tavares a présenté des résultats financiers record pour la seconde année consécutive. Un signe que sa stratégie de maîtrise des coûts, comme de repositionnement des produits résumée dans le plan Push to pass fonctionnent, malgré une baisse de ses ventes de véhicules l'an dernier. Avec une marge opérationnelle de 8,5%, PSA flirte avec les résultats du premium, grâce à trois piliers.

> Des modèles qui cartonnent et surtout qui rapportent 

Peugeot 3008, mais aussi Opel Grandland ou Citroën C5 Aircross (122.000 exemplaires écoulés en 2019 soit +310%), les SUV du groupe PSA cartonnent. En volume, mais aussi côté marge. Même si le groupe a enregistré une baisse globale de ses ventes de 10% l’année dernière, les SUV ont notamment sauvé ses résultats financiers. Grâce à son catalogue centré sur ces vrais-faux 4x4 et des lancements très réguliers l'an dernier, PSA a empoché 818 millions d’euros.

A eux seuls, les 122.000 exemplaires du Citroën C5 Aircross ont fait progresser de 1,2% la composante prix dans le chiffre d’affaires, souligne l’agence Reuters.

C'était la première année pleine de commercialisation de ce modèle. Ces chiffres semblent valider la stratégie de Carlos Tavares: gagner de l’argent sur chaque voiture vendue et ne pas entrer dans la course aux volumes. "Nous positionnons nos véhicules dans des niveaux de bénéfices plus élevés", a résumé le directeur financier de PSA Philippe de Rovira.

> Le constructeur Opel restructuré

Face à des marchés mondiaux en baisse, en Chine ou en Amérique Latine, PSA a profité une nouvelle fois cette année de la restructuration d’Opel acquis en 2017. Le constructeur allemand a dégagé en 2019 un bénéfice de 1,1 milliard d’euros, les ventes des SUV Crossland (130.000 unités) et Grandland (104.000 unités) ont participé à ses bons chiffres.

> Des économies à tous les étages

La stratégie de Carlos Tavares repose surtout sur des économies d’échelle, des baisses de coûts à chaque étape de la production d’un véhicule, de la conception à l’entretien en après-vente. PSA annonce ainsi une meilleure gestion des stocks (dont celles des concessionnaires) comme des économies sur la fabrication de chaque voiture (111 euros l’an dernier). Résultat: le groupe a abaissé son seuil de rentabilité l’an dernier, à 1,8 million de voitures contre 2,6 millions en 2018, et PSA a vendu 3,5 millions de voitures en 2019.

Et l'entreprise ne compte pas s'arrêter là, Carlos Tavares a déjà donné des objectifs pour encore réduire les coûts en 2020. Il compte se concentrer sur "la performance industrielle". le patron de PSA a par ailleurs annoncé que l’usine marocaine de Kenitra verra ses capacités augmenter dès cette année pour produire les petits modèles comme la Peugeot 208.

> Une année 2020 compliquée

Derrière ces bons chiffres se pose cependant la question de l’avenir. PSA est redevenu un constructeur européen, où il effectue près de 90% de ses ventes. Par ailleurs, la stratégie de montée des prix a pesé sur les parts de marché de PSA en 2019, rappelle Les Echos. C’est notamment le cas en Chine où PSA n’est pas en grande forme. Le groupe présentera dans quelques jours au salon automobile de Genève (Suisse) la DS9, sa nouvelle grande berline premium, qui doit lui permettre de retrouver des volumes de ventes dans le pays.

L’un des grands défis de Carlos Tavares sera aussi cette année la conclusion de la fusion avec Fiat Chrysler Automobiles. Le PDG s’est montré confiant, dans un univers automobile qu’il a rappelé comme très compétitif.

"Il faut être agile, il faut être darwinien, s’adapter rapidement, car nous voyons que le monde est darwinien, a-t-il lancé au début de la conférence de presse de présentation des résultats ce mercredi. Dans le monde automobile, cette période est darwinienne, tous les constructeurs automobiles ne survivront à ses vents contraires".
Pauline Ducamp