Tensions dans les stations-service: combien de jours vont durer les ruptures de carburant?

C'est la question que se posent un grand nombre d'automobilistes, pour certains depuis une dizaine de jours : quand pourront-ils s'approvisionner normalement en carburant auprès de leur station-service habituel ? Pour l'instant, la plupart des réponses restent évasives. Seul Frédéric Plan s'est risqué à donner un horizon pour un retour à la normale auprès de BFM TV vendredi matin :
Cette désorganisation logistique va produire des effets pendant plus que quelques jours, c’est plutôt de l’ordre de 10 jours pour un retour à la normale, prévoit délégué général de la Fédération Française des Combustibles, Carburants et Chauffage (FF3C). Les améliorations se font très rapidement dans les quelques jours mais il faut compter à peu près dix jours pour un retour à la normale."
La veille, Agnès Pannier-Runacher évoquait déjà une amélioration de la situation dans deux à trois jours sur le plateau de l'émission Calvi 3D. "C’est une situation qui est conjoncturelle, a insisté la ministre de la Transition énergétique. Nous sommes en train de demander aux pétroliers de renforcer et d’acheminer des approvisionnements supplémentaires depuis la Belgique et Rouen par bateau. Que chacun fasse son plein normalement, il n’y a pas besoin d’organiser des réserves."
"Je pense que ça va être difficile ce week-end"
La membre du gouvernement semble plus optimiste qu'Olivier Gantois. Sur le plateau de BFM TV, le président de l'Union française des industries pétrolières (UFIP) Energies et Mobilités a déclaré s'attendre à une fin de semaine compliquée : "Je pense que ça va être difficile ce week-end. Pour les grèves, je n’ai pas de visibilité sur quand elles s’arrêteront."
Il est revenu sur les différents leviers activés pour assurer l'approvisionnement en carburant alors que plusieurs raffineries françaises sont bloquées par des mouvements sociaux. "On fait ce qu’on peut pour remplacer les productions des raffineries qui sont arrêtées et les importations sont en quantité très importantes, a-t-il indiqué en citant des approvisionnement depuis la zone belge d'Anvers mais aussi au Moyen-Orient. Il y a aussi eu des rééquilibrages d’approvisionnements entre régions puisque certaines disposaient de stocks différents par rapport à d’autres."
La façade Atlantique souffre moins
Frédéric Plan estime qu'aucune zone géographique n'est "totalement épargnée". "Il y a des régions qui sont moins impactées qui sont celles de la façade Atlantique car les approvisionnements se font par bateau, analyse le délégué général de la FF3C. L’intérieur du pays est beaucoup plus concerné. On parle des Hauts-de-France mais c’est aussi vrai du Grand-Est et d’Auvergne-Rhône-Alpes."
De son côté, Olivier Gantois concède que les mesures ont pu se révéler insuffisantes face à l'ampleur du phénomène :
La situation est en effet tendue malgré les mesures qu’on avait mises en place de substitution des productions de ces raffineries qui sont arrêtées par des importations massives. Il va falloir au moins quelques jours pour que la situation se rétablisse."
Les camions-citernes pourront exceptionnellement circuler dimancher
Quelques minutes plus tard, Olivier Véran a confirmé lors du Face à Face de BFM TV et RMC le chiffre avancé jeudi soir par Agnès Pannier-Runacher : 15% des stations-essence française connaissent des difficultés pour fournir l'ensemble des carburants. "Généralement, il y a un carburant, souvent le diesel, qui vient à manquer en partie dans la journée", a-t-il précisé. Le porte-parole du gouvernement a tenu à rassurer les français en rappelant qu'il ne s'agissait pas d'une pénurie à proprement parler car le pays ne manque de pas de carburant mais souffre d'un problème relatif à sa distribution.
Il y aura un retour à la normale. Je ne peux pas vous dire si c’est demain, ce serait une bonne nouvelle. Si la grève s’arrête dans les raffineries, les distributions reprennent normalement et toutes les stations reprennent leur fonctionnement normal."
Olivier Véran a fait part de discussions entre le gouvernement et la CGT afin d'aboutir à une fin imminente du mouvement social. En attendant, le porte-parole a mentionné une solution dont dispose l'Hexagone autre que les importations : "Quand il y a des difficultés, on peut être amené à utiliser ce qu’on appelle nos stocks stratégiques. On a de quoi tenir trois mois dans notre pays avec nos seuls stocks stratégiques donc on peut déstocker lorsque c’est nécessaire."
Sur le plateau de LCI, Clément Beaune a souligné qu'Agnès Pannier-Runacher avait déjà activé ce levier des stocks stratégiques, notamment dans les Hauts-de-France, et que celui-ci pourrait être étendu à d'autres territoires. "Je donnerai dans la journée l’autorisation exceptionnelle pour que les camions-citernes puissent aussi circuler le dimanche afin que là où il peut y avoir des déblocage, on approvisionne mieux les stations-service", a ajouté le ministre des Transports.