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Pourquoi tant de difficultés dans les stations-service des Hauts-de-France?

Une station-service hors service.

Une station-service hors service. - AFP

Plus de 30% des stations-service des Hauts-de-France sont touchées par des difficultés d'approvisionnement, contre 12% à l'échelle du pays.

À chacun sa terminologie. Si Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, récuse toute "pénurie" de carburant en France, Xavier Bertrand, le président de la région Hauts-de-France, n'a aucun mal à l'employer.

Tous deux s'accordent cependant sur le constat: les files d'attente à la pompe s'étirent -parfois jusque sur l'autoroute- devant les stations-service pourvues en hydrocarbures quand certaines sont désespérément vides et contraintes à fermer.

À la sortie du Conseil des ministres, Olivier Véran a reconnu mercredi que ce phénomène était plus marqué encore dans les Hauts-de-France, où il recense "plus de 30%" de stations-service rencontrant des difficultés d'approvisionnement, contre 12% à l'échelle nationale. Des communes comme Lille, Arras et Béthune sont particulièrement affectées.

Dans un courrier adressé à Clément Beaune, le ministre délégué aux Transports, Xavier Bertrand indiquait cette semaine que "plusieurs centaines d'enfants" n'ont pu emprunter les transports scolaires dans la Somme ce lundi.

Des sites majeurs à l'arrêt

Plusieurs facteurs, additionnés, entraînent cette situation, au premier chef desquels on peut citer la grève nationale des salariés des raffineries de TotalEnergie qui réclament une revalorisation des salaires.

Des mouvements sociaux se poursuivent depuis plus d'une semaine, notamment à Gonfreville, près du Havre (Seine-Maritime). Il s'agit du site de raffinage le plus important sur le territoire français. Ce dernier traite 22% des hydrocarbures avant leur mise en vente, et irrigue notamment la partie nord de la France.

Dans les Hauts-de-France, la grève perdure du côté du dépôt de carburant de Flandres, près de Dunkerque (Nord). D'après la préfecture, trois autres sites de ce type sont à l'arrêt dans la région, entraînant "des difficultés de distribution, principalement en gazole, fortement utilisé au profit des activités économiques".

Surconsommation?

Autre élément à prendre en compte: les remises proposées à l'achat d'essence après des mois de flambée des prix. À celle de 30 centimes par litre, opérée par le gouvernement jusqu'au 31 octobre, s'ajoute une réduction de 20 centimes dans les stations administrées par TotalEnergies, rendant les tarifs si attractifs que l'entreprise constate une "surconsommation".

À en croire Xavier Bertrand, les difficultés d'approvisionnement du géant français ont également pour conséquence un "report" vers des stations concurrentes, qui peinent à absorber la demande. Ce qui contribue à alimenter une certaine panique chez les automobilistes.

L'élu a écrit une lettre à Clément Beaune, le ministre délégué aux Transports, l'appelant à "remédier rapidement à cette situation afin que des services publics essentiels, comme les transports scolaires et routiers, puissent circuler".

Pour sa part, le groupe TotalEnergies a promis mardi "de se mobiliser pour réapprovisionner le réseau grâce à des moyens logistiques supplémentaires". Ce jeudi, les files ne semblaient pas encore avoir désempli.

Déblocage de "stocks stratégiques"

Face à cette situation, les préfectures du Nord et du Pas-de-Calais ont annoncé des mesures ce mercredi. Notamment, le déblocage de "stocks stratégiques présents dans les trois dépôts en activité" dans la région. "De nouveaux stocks de carburant dans les dépôts de la région" sont aussi garantis, assure la préfecture du Pas-de-Calais ce jeudi.

Les deux préfectures ont par ailleurs interdit la vente de carburant en jerrican, ou dans tout récipient de transport.

Des stations-service ont également été désignées pour accueillir des pompes réservées aux professions prioritaires. Dans le Pas-de-Calais, sept stations sont concernées jusqu'à 18 heures ce jeudi.

Les professionnels concernés sont notamment les secours et forces de l'ordre, personnels médicaux ou encore professions liées aux interventions d'urgence (Enedis, GRDF...)

Plus globalement, les autorités appellent les usagers de la route "à faire preuve de civisme".

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions