Pékin profite des menaces américaines contre l'Inde pour augmenter ses propres achats de pétrole russe

C'est le jeu des vases communicants. Selon Bloomberg, la Chine intensifie considérablement ses achats de pétrole russe, notamment de grandes quantités à prix cassés abandonnées par l'Inde, soucieuse d'échapper à des surtaxes imposées par l'administration Trump. Rappelons que le président américain a indiqué qu'il souhaitait taxer les pays qui achètent du pétrole à la Russie (dans le cadre de sanctions suite à la guerre menée en Ukraine), sauf la Chine pour le moment.
Donald Trump a ainsi mis sa menace à exécution concernant l'Inde, instaurant des taxes supplémentaires de 25% sur les produits indiens importés aux Etats-Unis, notamment parce que le géant est un gros consommateur de pétrole russe. Il s'est gardé toutefois de faire de même à l'égard de la Chine, avec laquelle la trêve commerciale a été prolongée de 90 jours. Il a donné à l'Inde, l'un des plus grands importateurs de pétrole brut au monde, trois semaines pour trouver des fournisseurs alternatifs à la Russie.
Chute brutale des importations indiennes de pétrole russe
Et de fait, selon Bloomberg, les importations indiennes de pétrole russe ont chuté à 400.000 barils par jour en août, contre une moyenne mensuelle de 1,18 million en 2025. Dans le même temps, les raffineurs chinois en profitent et dopent leurs commandes. Au moins deux pétroliers transportant de l'or noir russe, d'une capacité d'un million de barils chacun, patientent actuellement au large des côtes chinoises, et d'autres sont attendus dans les semaines à venir, selon les données de suivi compilées par Bloomberg.
"D'une manière générale, les raffineries chinoises sont en position confortable pour continuer à consommer du pétrole russe, contrairement aux raffineurs indiens", explique à l'agence de presse Jianan Sun, analyste chez Energy Aspects.
La question est de savoir si les Etats-Unis comptent punir à terme la Chine de la même manière que l'Inde. "Trump ne fera pas ce qu'il sait impossible d'accomplir. Il a certainement réussi à faire pression sur l'Inde et il peut avoir un impact, mais faire pression sur la Chine? Probablement pas", estime Mukesh Sahdev, responsable des marchés des matières premières chez Rystad Energy A/S.
Le 16 août dernier, Donald Trump semblait toujours sur cette ligne. "Vu ce qui s'est passé aujourd'hui (l'entretien avec Vladimir Poutine en Alaska, NDLR), je n'ai pas besoin de penser à cela", a-t-il dit. "Peut-être que je vais devoir y songer dans deux ou trois semaines, mais il n'est pas nécessaire d'y penser maintenant", a-t-il ajouté.