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Union européenne

Il est où le choc majeur tant redouté ? Christine Lagarde explique pourquoi les droits de douane de Trump n'ont pas torpillé l'économie européenne (pour le moment)

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Mais que la persistance des risques doit amener l'Europe à s'y préparer, ajoute la présidente de la BCE.

La présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde a jugé mardi que la hausse des droits de douane américains n'a pas provoqué jusqu'ici le choc économique redouté mais que la persistance des risques doit amener l'Europe à s'y préparer.

Il y a un an, la plupart des observateurs supposaient qu'une montée des droits de douane américains sur les exportations européennes, de 1,5% à 13% estimés alors, entraînerait un choc majeur pour la croissance et un regain d'inflation dans la zone euro.

"Ces hypothèses ne se sont pas confirmées", a souligné Christine Lagarde dans un discours prononcé à Helsinki.

Plusieurs facteurs expliquent cette résilience: les représailles européennes sont restées limitées, évitant des perturbations dans les chaînes d'approvisionnement.

Après des mois d'âpres négociations, Bruxelles et Washington ont scellé fin juillet un accord prévoyant une surtaxe de 15% sur la plupart des produits européens qui arrivent aux Etats-Unis, soit plus qu'avant le retour au pouvoir de Donald Trump mais moins que ce que le milliardaire menaçait d'imposer.

+13% pour l'euro

L'euro s'est en outre apprécié de 13% face au dollar, réduisant l'inflation importée.

Enfin les mesures nationales, notamment l'augmentation des investissements de défense et la perspective de nouveaux accords commerciaux, ont soutenu l'activité. Selon Christine Lagarde, ces investissements devraient ajouter 0,25 point de croissance entre 2025 et 2027, compensant environ un tiers du choc commercial.

La présidente de la BCE a néanmoins martelé que "toutes les conséquences ne sont peut-être pas encore perceptibles aujourd'hui" face aux secousses commerciales et géopolitiques, et que "d'éventuels chocs supplémentaires pourraient survenir ".

Et la façon dont les entreprises s'adapteront aux tensions déjà connues demeure encore incertaine.

De nouveaux chocs non prévus pourraient aussi peser sur la croissance potentielle et "réduire la marge de manoeuvre" en termes de politique monétaire, selon Mme Lagarde.

Depuis décembre 2024, la BCE a abaissé ses taux directeurs de 100 points de base, portant celui qui fait référence à 2%.

Elle a exhorté à mettre en oeuvre les réformes prônées l'an dernier par les anciens chefs de gouvernement italiens Enrico Letta et Mario Draghi - ex-président de la BCE également - dans deux rapports très médiatisés mais restées lettre morte: simplification des réglementations, achèvement du marché unique et construction d'un véritable marché européen des capitaux.

OC avec AFP