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"Immense potentiel inexploité": le Kremlin indique que Trump et Poutine discuteront aussi de "coopération économique" en Alaska

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Le conseiller du Kremlin Ioui Ouchakov a indiqué jeudi que les deux chefs d'Etat échangeront au sujet de "l'immense potentiel inexploité" en matière de relations économiques entre la Russie et les États-Unis lors du sommet de vendredi en Alaska.

Donald Trump et Vladimir Poutine n'évoqueront pas uniquement la perspective de mettre fin à la guerre en Ukraine lors du sommet de vendredi en Alaska. Le conseiller du Kremlin Iouri Ouchakov a en effet annoncé que les deux chefs d'Etat discuteront également de "l'immense potentiel inexploité" en matière de relations économiques entre la Russie et les États-Unis. Cette rencontre sera la première entre les dirigeants américain et russe depuis juin 2021 et donc la première depuis l'invasion russe de l'Ukraine débutée en février 2022.

Moscou estime qu'il existe un "potentiel énorme et inexploité de coopération commerciale et économique entre la Russie et les États-Unis", a déclaré Iouri Ouchakov dans des propos rapportés par l'agence de presse officielle Tass.

Lors de ce sommet, qui débutera à 11h30 heure locale (19h30 GMT), les deux hommes se rencontreront à la fois en tête-à-tête et avec leurs délégations respectives. Outre Iouri Ouchakov, la délégation russe sera constituée du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, du ministre de la Défense Andreï Belousov, du ministre des Finances Anton Silouanov et de Kirill Dmitriev, envoyé spécial de Vladimir Poutine pour l'investissement et la coopération économique.

Une première tentative de rapprochement dès janvier

Dès son retour au pouvoir en janvier dernier, Donald Trump a voulu raviver la relation chaleureuse qu'il a entretenue avec Vladimir Poutine lors de son premier mandat à la Maison blanche et qu'il a mise en avant pour se présenter comme le seul capable de stopper la guerre en Ukraine. Il a exprimé sa sympathie à l'égard du président russe, isolé sur la scène internationale depuis l'invasion de l'Ukraine, et promis de mettre fin au conflit en vingt-quatre heures seulement.

Washington a opéré un rapprochement avec Moscou, certains représentants de l'administration Trump relayant même des arguments du Kremlin, au grand désarroi de Kiev et de ses alliés européens. Invité du podcast du chroniqueur conservateur Tucker Carlson en mars dernier, Steve Witkoff a laissé entendre que la Russie était dans son bon droit en voulant contrôler quatre régions ukrainiennes - Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson - parce que, a-t-il dit, "elles sont russophones".

De manière spectaculaire, fin février à la Maison blanche, en direct devant les caméras du monde entier, Donald Trump et son vice-président J.D. Vance ont vigoureusement réprimandé Volodimir Zelensky pour sa gestion de la guerre. Le président américain a par ailleurs qualifié son homologue ukrainien de "dictateur" et a reproché à Kyiv d'avoir déclenché le conflit.

"Conséquences très sévères"

Bien que tout cela a été apprécié à Moscou, les responsables russes n'ont pas suivi le mouvement que Donald Trump a voulu impulser vers un accord de paix avec l'Ukraine. Les négociations directes réclamées par le président américain et organisées en Turquie n'ont permis aucune avancée notable, les deux parties ayant campé sur leurs positions. Vladimir Poutine s'est entretenu à plusieurs reprises avec Donald Trump mais n'a pas relâché la pression militaire sur l'Ukraine - au contraire, l'armée russe a intensifié ses frappes aériennes. Décriant ce bain de sang, le président américain a haussé le ton en juillet, se plaignant de l'attitude de son homologue russe.

Mercredi encore, Donald Trump a menacé la Russie de "conséquences très sévères" si Vladimir Poutine entravait les efforts de paix en Ukraine, après un entretien avec plusieurs dirigeants européens et le président ukrainien Volodimir Zelensky. L'incertitude entourant l'issue du sommet Trump-Poutine a amplifié depuis plusieurs jours les craintes des Européens de voir les présidents américain et russe prendre à deux des décisions majeures concernant l'Ukraine, puis contraindre Kiev à accepter un accord défavorable, notamment concernant des échanges de territoires.

Un projet de deuxième sommet intégrant l'Ukraine

S'exprimant devant les journalistes à l'issue d'une réunion virtuelle avec des dirigeants européens et Volodimir Zelensky mercredi, Donald Trump a déclaré qu'il pourrait organiser un deuxième sommet, auquel serait cette fois convié le président ukrainien, si les discussions en Alaska avec Vladimir Poutine se passaient bien. Jusqu'à présent, le président russe a ignoré les appels de son homologue ukrainien à une rencontre en face-à-face.

Moscou n'a laissé apparaître aucun signe suggérant qu'il était disposé à effectuer des concessions. Kyiv dit vouloir, avant de négocier un quelconque accord, qu'un cessez-le-feu soit en vigueur et que des garanties sécuritaires lui soient apportées. Donald Trump s'est engagé mercredi auprès des Européens à ce que les questions territoriales soient négociées avec l'Ukraine dans le cadre d'un éventuel accord de cessez-le-feu avec la Russie, a dit le président français Emmanuel Macron.

Timothée Talbi avec Reuters