Baisser de 1°C son chauffage peut-il réduire notre dépendance au gaz russe?

Et si le mot de la prochaine décennie était "sobriété"? Dans son rapport sur l'énergie en 2050, publié en octobre dernier, le gestionnaire du réseau électrique RTE avait prévenu qu'un bilan carbone neutre ne pourrait être atteint sans une forme de sobriété à l'échelle nationale.
Et cette idée pourrait entrer plus rapidement que prévu dans les foyers. Le gouvernement a certes promis de maintenir – si Emmanuel Macron est réélu – son bouclier tarifaire sur le gaz mais la crise en Ukraine promet de maintenir durablement les prix élevés, dans un contexte déjà très tendu sur les matières premières.
Les chefs d'Etats européennes se réuniront cette semaine pour évoquer leur dépendance énergétique au gaz russe et les manières de trouver de nouveaux approvisionnements. Mais la sobriété sera la clé pour alléger le poids énergétique. "Il va falloir faire beaucoup plus attention à nos consommations d'énergie", rappelait ce lundi matin sur BFMTV Bruno Le Maire, ministre de l'Economie.
"On peut le faire dès aujourd'hui d'ailleurs!"
Cela passe par une meilleure isolation des logements, facteur très important de déperdition d'énergie. Mais l'idée serait aussi de réduire la température son chauffage. La semaine dernière, l'Agence internationale de l'énergie assurait que baisser la température d'1°C des foyers permettrait à l'Europe d'économiser environ 10 milliards de mètres cubes de gaz en un an, soit un peu moins de 10% des importations russes en Europe.
"Un degré en moins sur une durée de douze mois, cela représente 10 à 15 térawattheures de gaz économisé. On peut le faire dès aujourd'hui d'ailleurs!" explique dans une interview aux Echos, la patronne d'Engie Catherine MacGregor. "Mais la demande dépendra aussi de la météo de l'hiver prochain."
Réduire sa facture
Pas forcément de quoi affaiblir la Russie mais au moins réduire les besoins en gaz des Européens qui importent désormais massivement du gaz naturel liquéfié (GNL) du monde entier via des tankers pour diminuer les importations russes.
Par ailleurs, selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), baisser de 1°C son chauffage permet de baisser en moyenne de 7% sa facture. En théorie, la température idéale d'un logement est de 19°C. En pratique, la température moyenne des Français est passée de 19°C à 21°C entre 1986 et 2003.
Ce lundi, le cours du gaz européen a atteint un nouveau record, à 345 euros le mégawattheure (MWh).