Un rendement jusqu'à 5% et un minimum de 500 euros placés: le "livret" promis par le gouvernement pour financer la défense est lancé

Il est enfin disponible. La Banque publique d'investissement (Bpifrance) lance officiellement son nouveau produit dédié au financement des entreprises du secteur de la défense, à destination des particuliers.
Annoncé le 20 mars dernier lors de l'événement consacré au financement de la BITD (base industrielle et technologique de défense), ce fonds sera accessible dès 500 euros (jusqu'à 500.000 euros) et permettra aux particuliers d'investir dans un portefeuille de plus de 500 entreprises "principalement non cotées", françaises (à 70%) et européennes, du secteur de la défense et des technologies associées.
Bpifrance annonce que le Groupe BPCE, Axa France et Meilleurtaux Placement soutiennent ce fonds défense de Bpifrance et l'intègreront dans leur portefeuille de produits. Il sera possible d'investir via un compte-titre, un Plan épargne en action (PEA), un PEA-PME, une assurance-vie ou encore un Plan d'épargne retraite.
Ce fonds "semi-ouvert", accessible sur une plateforme en ligne dédiée, vise un objectif de rendement annuel net de 5%, indique Bpifrance, qui prévient qu'il "ne constitue qu'un objectif de gestion" et qu'il peut présenter un risque de perte en capital, comme tout fonds d'investissement.
La période de souscription est de 10 ans, avec une période de blocage de cinq ans, les possibilités de rachat trimestriels seront accessibles à compter de la sixième année, précise Bpifrance.
L'objectif est de lever 300 à 450 millions d'euros au total.
Bpifrance n'en est pas à son coup d'essai dans le soutien financier au secteur de la défense: elle est est actionnaire "de plus de 70 entreprises du secteur de la défense", à travers deux fonds dédiés (Definvest, avec le soutien de la Direction générale de l'armement, et le FID - fonds innovation défense, en partenariat avec l'Agence d'innovation de défense) et des fonds généralistes. La Banque publique d'investissement est également au capital de plus de 30 entreprises, dont Exosens ou encore Sabena Technics (maintenance aéronautique).
Des besoins de financement accrus
Dans une étude publiée début octobre, Bpifrance Lab mettait en avant "le besoin significatif d'accompagnement financier des acteurs de la défense", chiffrant à 15 milliards d'euros le besoin de financement par l'effort de défense d'ici à 2030 - dont 5 milliards d'euros de fonds propres et 10 milliards de dettes.
Réarmement oblige, et pour atteindre l'objectif de 3,5% du PIB consacré aux dépenses de défenses (voté lors de l'assemblée général de l'Otan en juin dernier), les entreprises ont reçu pour consigne de se mettre en ordre de marche pour répondre à la demande et honorer les commandes - qui, pour l'instant, se font attendre.
La nécessité de soutenir le financement de la BITD a également été prise en compte au niveau européen, notamment par le biais du programme SAFE, qui vise à allouer une enveloppe de 150 milliards d'euros à des projets d'achats communs (la France a fait une demande pour 16,22 milliards d'euros). Ce programme fait partie du plan ReArm Europe, dont l'objectif est de mobiliser jusqu'à 800 milliards d'euros pour renforcer les capacités militaires européennes.