Guichet unique, fonds d'investissement… Comment le ministère des Armées stimule l'innovation dans la défense

Le Forum Innovation Défense dévoile l'armée du futur - Minarm
C'est une tendance qui réjouit l'ingénieur général de l'armement Patrick Aufort, directeur de l'Agence de l'innovation de défense (AID): depuis le début de l'année 2025, il dénombre le dépôt de 75 projets par des entreprises désireuses de développer des solutions innovantes pour la défense, contre une moyenne de 150 à 200 projets par an les deux années précédentes.
"C'est une accélération", a indiqué le général Aufort lors d'un point presse, qui pressent par ailleurs un "pic" d'activité après le salon aéronautique du Bourget, en juin.
"Nous constatons très souvent une augmentation du nombre de dépôts après des événements lors desquels l'agence est présente", précise-t-il.
L'un des axes de l'agence est donc de se faire connaître auprès des entreprises, en particulier les PME et les ETI, ainsi que les start-up, de "faire savoir ce que l'on cherche et comment travailler ensemble". Elle fait ainsi la liste des thématiques prioritaires en termes d'innovation et peut la mettre à jour en fonction des besoins. À l'heure actuelle, les efforts portent entre autres sur le new space, la santé, les drones, l'énergie, le cyber et la maintenance.
Un guichet unique pour les entreprises
Pour favoriser et accélérer la dynamique, l'AID a mis en place un guichet unique, point d'entrée de toute entreprise qui voudrait présenter une solution innovante destinée aux forces armées. Le système a été repensé il y a trois ans, pour répondre "plus rapidement" aux propositions. L'entreprise remplit un formulaire pour décrire l'innovation dans les grandes lignes, en y indiquant l'utilisation opérationnelle qui pourrait en être faite. Deux semaines après le dépôt, un rendez-vous téléphonique avec des experts techniques permet de présenter plus précisément le projet.
Trois cas de figure se dessinent ensuite, explique le patron de l'AID: "Soit il n'y a pas d'intérêt identifié et le candidat obtient une réponse rapide sans trop d'investissement, soit le niveau de maturité du projet permet de déposer un dossier complet, soit, et c'est le cas le plus fréquent, on identifie un intérêt potentiel mais la finalité opérationnelle doit encore être travaillée et dans ce cas, on met le porteur de projet en relation avec quelqu'un du ministère des Armées pour travailler cet aspect".
Investir via un fonds
Autre levier d'aide à l'innovation, le Fonds innovation défense. Créé en 2021, il a pour objectif de soutenir en fonds propres ou quasi-propres "des entreprises innovantes aux technologies duales". Opéré par Bpifrance, le fonds vise une taille cible de 400 millions d'euros, dont 200 millions ont été portés par le ministère des Armées.
"La stratégie du fonds et de prendre des participations minoritaires pour faire effet de levier, mais sans donner une connotation trop 'défense' à l'acteur", précise le chef de l'AID.
Après une période "très compliquée ces deux dernières années", le général Aufort constate un regain de dynamisme, en particulier avec l'arrivée d'Allianz France et de MBDA au sein du fonds en mars dernier. "Cela démontre qu'on peut investir dans la défense, y compris lorsqu'on n'est pas un acteur initial de la 'communauté défense' comme Allianz." Une dynamique renforcée par le colloque des investisseurs du 20 mars à Bercy.
Le Fonds innovation défense a réalisé 11 investissements depuis ses débuts, dont Exotrail et Unseenlabs, deux entreprises du New Space qui développent respectivement des solutions de transport de satellites et des technologies de surveillance maritime depuis l'espace.
La Loi de programmation militaire (LPM) prévoit une enveloppe de 10 milliards d'euros sur la période 2024-2030 pour soutenir l'innovation de défense.