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Défense

Tous les pays de l'Otan atteignent enfin les 2% du PIB pour la défense, mais trois seulement remplissent le nouvel objectif de 3,5%

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Les dépenses de défense de tous les pays membres de l'Otan atteignent enfin les 2% du PIB, mais le nouvel échelon, fixé à 3,5%, sera plus difficile à exécuter.

Ils étaient trois en 2014, 10 en 2023, 18 en 2024… En 2025, ce seront 31 des 32 pays membres de l'Otan (l'Islande ne disposant pas de budget dédié) qui auront atteint ou dépassé le seuil des 2% du PIB consacrés aux efforts de défense, selon les dernières estimations de l'Alliance atlantique.

Un tiers seulement des pays dépassera le seuil des 2,5% pour l'année 2025, indiquent les calculs de l'Otan. Meilleure élève du classement, la Pologne consacrera 4,48% de son PIB aux dépenses de défense, devant la Lituanie (3,99%) et la Lettonie (3,73%). Ce trio de tête est suivi de près par l'Estonie (3,38%), la Norvège (3,35%), puis les États-Unis (3,22%). La France passe tout juste ce cap de 2% qui avait été fixé en 2014 et plafonne à 2,05%.

Les dépenses militaires de l'ensemble des pays de l'Otan devraient être supérieures à 1.500 milliards de dollars pour l'année 2025, un montant en constante augmentation depuis 2015.

Objectif: 3,5%, plus 1,5% de dépenses "annexes"

C'est une première marche vers l'objectif de 3,5% du PIB consacré aux dépenses strictement militaires, annoncé lors du sommet de l'Otan en juin dernier, mais l'effort budgétaire reste important. Sur les 32 pays de l'Alliance (moins l'Islande, donc), seulement trois pays atteignent l'objectif des 3,5% (Pologne, Lituanie, Lettonie), et pour la majorité des autres pays, la marche est haute, malgré un contexte géopolitique propice aux investissements militaires.

Les engagements pris par les pays membres de l'Otan au cours du sommet de juin prévoient par ailleurs d'allouer 1,5% du PIB à des dépenses "annexes", qui concernent la sécurité au sens large, comprenant entre autres les infrastructures critiques, la cybersécurité, etc.

L'Italie tente par exemple de faire passer la construction d'un pont au-dessus du détroit de Messine comme dépense de défense. En Allemagne, selon Der Spiegel, la fédération des ports aurait demandé des fonds au ministère de la Défense pour renforcer la sécurité des installations portuaires.

Certains pays sont plus réticents que d'autres à se conformer aux décisions prises par les membres de l'Alliance atlantique: l'Espagne, par exemple, s'est félicitée ce jeudi d'avoir atteint le seuil des 2% mais annonce qu'elle n'ira pas au-delà.

En France, la difficile équation entre réarmement et efforts budgétaires

En France, la Loi de programmation militaire 2024-2030 ne prenait pas en compte les nouveaux objectifs de l'Otan, mais l'augmentation du budget des armées –3,5 milliards d'euros supplémentaires en 2026 et 3 autres en 2027, annoncée par Emmanuel Macron à la veille du 14-Juillet, permettra "d'accélérer le réarmement de la France afin de pivoter résolument vers la haute intensité", décrit la Revue nationale stratégique, publiée le jour de la fête nationale.

Reste maintenant à évaluer l'impact de l'instabilité politique actuelle au regard des promesses budgétaires. Une instabilité "qui interroge sur la capacité à tenir les engagements", s'est inquiété le ministre des Armées Sébastien Lecornu dans son intervention à la Rencontre des entrepreneurs de France, qui se tient depuis mercredi à Paris. "Le vrai risque, c'est le décalage budgétaire", craint Sébastien Lecornu.

Helen Chachaty