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Défense

Les start-up européennes de la défense ont attiré 5,2 milliards d'euros d'investissements en capital-risque en 2024

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A la faveur de la guerre en Ukraine et des instabilités géopolitiques, les politiques de réarmement font les affaires des industriels de défense. Les investissements en capital-risque connaissent une hausse sans précédent.

Les entreprises de défense européennes attirent les capitaux et la tendance n'est pas près de s'arrêter. Selon CNBC, qui cite un rapport conjoint du fonds innovation de l'Otan et de Dealroom, les investissements en capital-risque dans les start-up européennes de défense ont atteint 5,2 milliards de dollars en 2024. Les investisseurs s'intéressent de près à ces entreprises qui vont bénéficier à plein des ambitions de réarmement des pays européens, dont les budgets militaires sont en augmentation – à la suite notamment des ambitions otaniennes de consacrer 5% du PIB aux dépenses de défense.

Loredana Muharremi, analyste chez Morningstar, indique à CNBC avoir constaté "un changement radical" depuis 2022, "avec une forte accélération au premier semestre 2025."

"Non seulement le volume global des investissements augmente, mais la valeur par transaction est également plus élevée, ce qui indique des valorisations plus importantes."

Selon l'analyste de Morningstar, les start-ups de défense les plus concernées par ces investissements sont celles qui officient dans le domaine de l'intelligence artificielle appliquée aux drones, dans le cyber ou l'espace.

De moins en moins de fusions-acquisitions

Loredana Muharremi ajoute par ailleurs que la nature des transactions a évolué, passant d'acquisitions complémentaires axées sur les fusions-acquisitions à des investissements en capital-risque. L'une de ces sociétés, Scout Ventures, dont le siège est basé au Texas, est par exemple focalisée sur les start-ups en phase de démarrage.

"Historiquement, le marché principal pour les entreprises duales ou axées sur la défense était situé aux États-Unis", explique Cody Huggins, un associé de Scout Ventures et ancien officier de l'US Army, cité par CNBC.

Des investisseurs ont confirmé au média américain que le secteur de la défense était de plus en plus au centre des préoccupations des investisseurs européens. Interrogé par CNBC, Archie Muirhead, associé au sein de l'entreprise britannique IQ Capital, raconte que les entreprises duales ou axées sur la défense représentaient jusqu'à un tiers du portefeuille, mais que depuis deux ou trois ans, IQ capital a commencé à "investir principalement, voire exclusivement, dans le secteur de la défense en Europe".

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Cette nouvelle tendance n'est pas sans risque, la trajectoire de nombreuses start-ups étant encore incertaine. Le retour sur investissement n'est pas immédiat et l'impact de cet afflux de capitaux ne devrait pas porter ses fruits "avant deux ou trois ans", selon Matt Kuppers, le co-fondateur du fonds de capital-risque Defence Invest, créé en 2024 et qui s'est spécialisé exclusivement dans le secteur de la défense – un phénomène nouveau.

"Le marché souffre encore d'un important déficit de financement, les opportunités sont nombreuses pour les sociétés de capital-risque", expose cet ancien militaire de l'armée allemande.

Selon lui, les start-ups devraient miser sur leur "agilité" face aux grands groupes de défense, ce qui pourraient leur conférer un avantage dans la réponse aux appels d'offre. "Je pense que les start-ups spécialisées dans les technologies de défense peuvent contribuer de manière significative à l'innovation à grande échelle dans ce domaine", anticipe-t-il. Cependant, pour Archie Muirhead, les entreprises européennes resteront en concurrence avec leurs rivales américaines pour décrocher des contrats gouvernementaux. Ce risque est identifié, et régulièrement dénoncé par le patron de Dassault Aviation, qui prône la préférence européenne dans les achats militaires.

Helen Chachaty