"Nous ne sommes pas dans le top 10" mondial: le patron d'Airbus, numéro un européen de la défense, souligne le retard pris sur les Etats-Unis

Le PDG d'Airbus, Guillaume Faury, s'exprime lors du sommet Airbus 2025 au siège d'Airbus à Toulouse, dans le sud de la France, le 24 mars 2025. - AFP
De manière évidente, Guillaume Faury, a voulu marquer les esprits. À l'occasion d'un "business update" tenu à Paris ce mercredi 18 juin en marge du Salon du Bourget 2025, le président exécutif d'Airbus a évoqué les activités de défense de sa société.
"Dans la sécurité, c'est intéressant d'avoir certains chiffres à l'esprit", a souligné le dirigeant. "Airbus est la première entreprise de défense de l'Union européenne" mais "en termes de chiffre d'affaires nous sommes le onzième plus grand acteur de la défense au monde, nous ne sommes pas dans le top 10", a poursuivi Guillaume Faury.
Les revenus des activités de défense d'Airbus se sont élevés en 2024 à 12,36 milliards d'euros, représentant 17,8% du total.
Selon les chiffres du Stockholm International Peace Research Institute (Sipri) qui datent, eux, de 2023, Airbus se classait au douzième rang mondial des producteurs d'armes et de services militaires. Ce classement était dominé par les américains. Lockheed Martin est premier (60,8 milliards de dollars) devant RTX (40,66 milliards), Northrop Grumman (35,57 milliards de dollars), Boeing (31,1 milliards de dollars) et General Dynamics (30,2 milliards de dollars).
Lockheed Martin est numéro un
Comment expliquer un tel écart? Guillaume Faury a rappelé que les écarts en matière de dépense de défense entre les Européens et les Américains s'avéraient vertigineux.
"Nous ne sommes pas dans le top 10 car le montant d'argent dépensé par les Européens est très petit comparé à celui des États-Unis. Les dépenses d'équipements de défense de l'Union européenne représentent environ 20% de celles des États-Unis. Et une majorité des achats européens sont effectués en dehors de l'Europe", a développé Guillaume Faury.
Toutefois, la donne devrait changer. Cette année, plusieurs pays ont annoncé leur intention d'augmenter massivement les dépenses de défense, en Europe. L'Allemagne notamment. Plusieurs membres de l'exécutif allemand ont évoqué une cible de 5% du produit intérieur brut, alors que le pays germanique atteignait à grande peine les 2% jusqu'ici. Emmanuel Macron, le président français, a lui évoqué un taux de 3,5%.
Ce revirement été accéléré sinon provoqué par la politique extérieure américaine. Donald Trump a clairement manifesté sa volonté de moins assurer la sécurité de l'Europe et appelé les Européens à l'assumer davantage.
"Nous avons constaté un net changement de paradigme en Europe en matière de dépenses de défense. Ce changement a été provoqué par le risque de voir les États-Unis retirer leur soutien à l'Ukraine dans le conflit en cours et par le sentiment que la protection accordée à l'Europe est menacée, notamment dans le contexte d'un conflit potentiel avec la Russie", expliquait ainsi la banque Jefferies en mars.
Guillaume Faury juge, lui, que l'Europe "se trouve à tournant". "Nous avons parlé en Europe d'augmenter les budgets de défense, cela est en train de se produire. Et significativement. L'Europe est en train de s'organiser pour dépenser plus d'argent en Europe, en achetant moins à l'étranger, et plus intelligemment, c'est-à-dire davantage ensemble", a développé le dirigeant.