L'aide occidentale à l'Ukraine va-t-elle baisser de moitié en 2025?

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky entame ce jeudi 10 octobre une tournée européenne, en commençant par le Royaume-Uni, la France et l'Italie, en quête de marques de soutien, alors qu'une importante réunion des partenaires militaires de Kiev prévue samedi en Allemagne a été reportée. La question cruciale de ce sommet sera de savoir si l'aide financière et militaire à l'Ukraine se poursuivra au même rythme en 2025?
Pour le Kiel Institute les étoiles ne seraient pas tout à fait alignées. Selon l'institut de recherche allemand, deux risques majeurs pèsent sur Kiev. D'une part l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche. D'autre part, la possibilité de voir l'Allemagne réduire sa voilure.
"Dès l'an prochain, l'Ukraine pourrait faire face à un important déficit d'aide", écrit dans un communiqué l'institut, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Le retour éventuel de Donald Trump à la Maison Blanche "pourrait bloquer de futurs plans d'aide au Congrès", met en garde le Kiel Institute. Dans sa note, il rappelle aussi que "l'Allemagne a récemment annoncé qu'elle réduirait son allocation budgétaire de 50%" et que "d'autres donateurs européens pourraient suivre".
Le gouvernement d'Olaf Scholz, qui cherche à faire des économies, ne prévoirait pas d'aides supplémentaires aux 4 milliards d'euros prévus dans le budget de l'an prochain pour aider militairement l'Ukraine. Cette année, l'aide de Berlin, deuxième contributeur après les États-Unis, s'élève à 8 milliards d'euros.
Une chute de moitié
Selon les projections de l'institut de recherche, les aides militaire et financière s'élèveraient respectivement à 59 et 54 milliards d'euros en 2025 si les donateurs occidentaux maintenaient leur niveau d'aide. Par contre, ces aides chuteraient de moitié, à 29 et 27 milliards d'euros, sans nouvelle aide américaine et si les donateurs européens décidaient de s'aligner sur l'Allemagne.

Cette baisse pourrait être compensée par d'autres leviers de financement en discussion, comme des contributions militaires "coordonnées par l'Otan" ou des "prêts" s'appuyant sur "les avoirs russes gelés".
Ces "mécanismes de financement récemment évoqués ne sont pas particulièrement importants. S'ils étaient approuvés, ils offriraient une aide précieuse, mais pourraient n'être que des palliatifs", estime Pietro Bomprezzi, qui dirige l'équipe du Kiel Institute qui recense l'aide à l'Ukraine.
"Ces fonds ne remplaceraient pas pleinement l'aide bilatérale régulière dont l'Ukraine a besoin."
Au 30 août 2024, les aides bilatérales promises à l'Ukraine depuis le début de la guerre s'élèvent à 397 milliards d'euros, dont 153,8 milliards d'aide militaire, 221 milliards d'aide financière et 22,3 milliards d'aide humanitaire, selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les premiers donateurs sont l'Union européenne et ses membres (240,9 milliards), les Etats-Unis (100,2) et le Royaume-Uni (13,9).
En termes d'aide militaire seulement, l'UE et les États-Unis sont au coude-à-coude, autour de 66 milliards d'euros promis par chacun. Mais l'aide américaine est plus prompte à parvenir en Ukraine, puisque 87% des promesses des Etats-Unis ont déjà été allouées à des armes et équipements précis, contre seulement 66% des promesses de l'UE.
