BFM Business
Agriculture

Tomates, blé tendre, pastèques… Quels sont les échanges agricoles entre la France et le Maroc?

Des tomates cerises (photo d'illustration).

Des tomates cerises (photo d'illustration). - AFP

Le Maroc est l'invité d'honneur de l'édition 2025 du Salon international de l'agriculture (SIA), qui a ouvert ses portes samedi à Paris.

Le Maroc est accueilli en grande pompe au Salon de l'agriculture (SIA), qui a ouvert ses portes ce samedi 22 février au Parc des expositions de la porte de Versailles, à Paris. Suivant le souhait des organisateurs d'accroître sa dimension internationale, l'édition 2025 de l'événement agricole parisien est la première à mettre un pays étranger à l'honneur, la primauté revenant au Maroc, qui dispose d'un stand de 500 mètres carrés au sein du hall 5.1. En retour, la France sera l'invitée d'honneur du Salon international de l'agriculture du Maroc (SIAM), à Meknès, en avril prochain.

L'invitation du royaume nord-africain n'a toutefois pas été chaudement accueillie au sein du monde agricole. Lors des récentes manifestations hivernales, les tomates marocaines –et particulièrement les tomates cerises, de plus en plus nombreuses sur les étals– avaient été désignées par les syndicats comme l'un des symboles d'une concurrence déloyale pour l'agriculture française. L'heure semble à l'apaisement dans les allées du Salon de l'agriculture, après une inauguration chaotique lors de la précédente édition, mais la question reste sensible dans les rangs agricoles.

400.000 tonnes

Les liens agricoles sont étroits entre les deux pays: en valeur, les produits agricoles représentaient un peu plus de 9% des exportations françaises vers le Maroc en 2023 (environ 610 millions d'euros) hors matériel militaire, tandis qu'ils représentaient un peu moins de 19% des importations françaises vers le même pays (environ 1 milliard d'euros), selon les données du ministère des Affaires étrangères. Si l'on résume grossièrement les échanges bilatéraux en matière agricole, la France exporte son blé tendre vers le pays maghrébin et lui achète ses tomates en échange.

Sans nul doute, la tomate est la reine des exportations marocaines vers la France. Cette dernière a importé environ 400.000 tonnes de tomates marocaines en 2023, soit 75% de toutes ses importations de tomates (530.000 tonnes) sur l'année, selon les données de FranceAgriMer. En deux décennies, les arrivées de tomates en provenance du pays nord-africain ont bondi de 139%, alors que les entrées de tomates espagnoles ont dégringolé de 57%. En 2023, le Maroc regroupait 75% de parts de marché dans les volumes d'importations françaises de tomates, contre 37% en 2003.

Plus globalement, les tomates correspondaient à 76% des importations françaises de légumes frais depuis le Maroc en 2023, selon FranceAgriMer. Les tomates marocaines permettent notamment de couvrir la consommation des ménages en hors saison, c'est-à-dire de novembre à février alors que la production française est absente des étals. Par ailleurs, la France joue le rôle de plateforme de redistribution: une bonne partie des tomates marocaines arrivées sur le sol français sont, dans les faits, réexpédiées vers d'autres pays européen, principalement l'Allemagne et les Pays-Bas.

Poivrons et pastèques

Derrière les tomates, les poivrons se taillaient également une petite place en 2023, avec 45.000 tonnes importées depuis le Maroc. En deux décennies, les importations françaises de poivrons depuis le Maroc ont connu une très nette augmentation (+1.040%) selon les chiffres de FranceAgriMer, bien que le pays nord-africain reste encore loin derrière l'Espagne. De même que les tomates, les poivrons marocains débarquent surtout en hiver et au printemps et environ 80% des volumes importés en France sont réexportés vers d'autres pays européens.

Avec 180.000 tonnes environ, le Maroc représentait 15% des importations françaises de fruits frais tempérés en 2023, un chiffre en hausse de 10 points en 10 ans, selon FranceAgriMer. Dans le détail, les pastèques représentaient la majeure partie des volumes (69%). Outre un appétit croissant des consommateurs français, la France joue une nouvelle fois son rôle de plateforme de redistribution des pastèques marocaines vers les pays voisins. Les melons s'installent à la deuxième place (22% des volumes de fruits frais importés en 2023), loin devant les framboises et les myrtilles (6%).

Sécheresses à répétition

De l'autre côté de la Méditerranée, la France expédie une grande quantité de céréales vers le marché marocain: en 2023, le Maroc a importé un peu de plus de 2,3 millions de tonnes de céréales depuis la France, selon les données de l'Office des changes marocain. Ces expéditions sont composées en quasi-totalité de blé tendre, la céréale nécessaire à la fabrication du pain dont la France est le premier producteur et exportateur européen. Les exportations vers le Maroc ont connu une nette augmentation sur la dernière décennie, s'élevant à 1,22 million de tonnes en 2013.

La production céréalière marocaine, déjà insuffisante pour couvrir l'intégralité des besoins du pays nord-africain, est également chahutée par des sécheresses à répétition qui amoindrissent les récoltes et rendent nécessaire l'importation de blé tendre depuis d'autres pays. Selon l'interprofession de la filière céréalière française (Intercéréales), le Maroc s'imposait comme la première destination du blé tendre français lors de la campagne 2023-2024, devant la Belgique voisine. Le blé français assure, à l'heure actuelle, environ la moitié des besoins marocains.

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV