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"Nous sommes fiers": les médailles du Concours général agricole, promesses de retombées économiques

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Organisé en parallèle du Salon de l'agriculture, le Concours général agricole récompense des centaines de produits alimentaires chaque année.

"J'ai un peu la pression", confie Aurore Macheix, au milieu de la foule des visiteurs dans l'un des pavillons du Salon de l'agriculture, à Paris. Venue d'Auvergne, la productrice de fromages attend "patiemment" les résultats des finales du Concours général agricole (CGA) depuis le stand de l'AOP Cantal. Installée dans les environs d'Aurillac, l'exploitation familiale collectionne les récompenses pour ses cantals et ses salers – et espère bien décrocher de nouvelles médailles en 2025. Avec des vaches nourries au foin, elle mise sur son fromage au goût "un peu plus typique".

"On a toujours confiance en ces fromages, mais il y a de la concurrence", se montre prudente Aurore.

Huître, beurre, choucroute, foie gras, cognac, vanille… En parallèle de l'événement agricole parisien, le Concours général agricole récompense des centaines de produits alimentaires d'année en année, distribuant les fameuses médailles d'or, d'argent et de bronze que les heureux vainqueurs pourront apposer sur les emballages ou accrocher aux vitrines. Pour la productrice auvergnate, les finales de la catégorie des produits laitiers scelleront son sort ce lundi matin dans le pavillon 7. Quelques 1.200 jurés s'installent ce jour-là autour des tables. Des fromages de toutes sortes à perte de vue.

Une table prête à accueillir les jurés lors des finales du Concours général agricole dans la catégorie des produits laitiers, le 25 février 2025 à Paris.
Une table prête à accueillir les jurés lors des finales du Concours général agricole dans la catégorie des produits laitiers, le 25 février 2025 à Paris. © BFM Business

Environ 700 producteurs bataillent dans 280 catégories de fromages pour l'édition 2025. "C'est le plus beau plateau de fromages du monde", sourit Olivier Alleman, commissaire général du Concours général agricole. Indépendants et bénévoles, les jurés se répartissent entre professionnels et amateurs "éclairés". Avant d'y participer, ces derniers ont bénéficié d'une journée de formation pour apprendre les rudiments de la dégustation. "Nous essayons, sur chaque table, d'avoir une représentativité de la société française, de toutes les générations", observe-t-il.

Amateurs et professionnels

Sur les tables où s'entassent les meules de cantal et de salers, impossible de deviner celles qui appartiennent à Aurore. Les fromages sont anonymisés pour garantir l'impartialité du jugement. "J'aime bien quand il est un peu fruité et un peu crémeux", explique Fanny, chargée d'affaires réglementaires pour l'Association européenne des produits, qui représente l'industrie de la transformation laitière. Elle participe pour la première fois au concours en tant que jurée, de même que Stéphane, à la table voisine, qui se présente comme "un simple amateur de fromages".

"Je pense que l'expérience du consommateur est hyper importante dans le choix et dans l'attribution des médailles", avance Stéphane.

Avec sa veste "J'aime le Cantal", Éric est à sa place. Technicien gradeur, c'est-à-dire chargé de contrôler la qualité du cantal, il est membre du Comité interprofessionnel des fromages du Cantal (CIF). "Que ce soit le cantal jeune, entre-deux ou vieux, je suis bien calé", assure-t-il. Chacun de leur côté, les jurés observent les fromages et commencent à remplir une feuille d'évaluation, appréciant les quelques échantillons présentés selon la forme, l'aspect, l'odeur ou la texture. À partir de ce moment-là, le huis-clos est la règle, et les journalistes sont priés de sortir de la salle.

Des jurés s'installant autour des tables lors des finales du Concours général agricole dans la catégorie des produits laitiers, le 25 février 2025 à Paris.
Des jurés s'installant autour des tables lors des finales du Concours général agricole dans la catégorie des produits laitiers, le 25 février 2025 à Paris. © BFM Business

En-dehors des regards, les jurés délibèrent collectivement au terme de leurs dégustations individuelles. Le consensus est nécessaire pour attribuer une médaille à tel ou tel fromage. Il n'y aucune obligation: ils peuvent décider de décerner trois médailles et aucune d'argent, ou l'inverse, par exemple. "Les six jurés de la table sont souverains sur la notation des échantillons", souligne Olivier Alleman. Au maximum un tiers des produits qui leur sont présentés peuvent être récompensés, mais ils se montrent souvent bien plus exigeants envers les compétiteurs.

"Entre +18% et +40%"

Pour les producteurs, l'enjeu est important. "À partir du moment où vous avez une médaille, c'est entre 18% et 40% de chiffre d'affaires en plus" dans l'année, avance le commissaire général. La médaille, surtout le macaron doré, attire l'œil du consommateur, qui y voit un gage de qualité. Agrémenté d'un autocollant aux couleurs du CGA, un pot de miel ou une bouteille d'armagnac glissera plus facilement dans le panier d'un client. Au-delà de la visibilité médiatique dans les semaines qui suivent le concours, le producteur primé se démarque de ses concurrents.

Aurore, elle, s'apprête à rentrer en Auvergne avec une nouvelle médaille d'or dans la poche. Son cantal n'a pas été récompensé, mais la ferme a obtenu une médaille d'or pour son salers, réitérant la victoire de l'année précédente. Dès le lendemain matin, elle patiente devant le bureau des lauréats pour récupérer un grand autocollant doré. "C'est une assurance de commercialisation" pour ses fromages, dont une partie est directement affinée et vendue sur la ferme cantalienne, précise-t-elle. L'autre partie est distribuée dans les supermarchés et sur les marchés locaux par son affineur.

"Notre affineur met en avant ces médailles", pour montrer "qu'il a de bons produits" à vendre, fait valoir la productrice auvergnate. Outre les retombées économiques, une médaille du Concours général agricole est aussi une reconnaissance du travail fourni. "Nous sommes fiers", renchérit Aurore, "tant nous que nos salariés ou nos apprentis".

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV