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"Ne nous privons pas": Arnaud Rousseau dénonce une "hystérie" autour des pesticides et défend la loi Duplomb

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Le président de la FNSEA, premier syndicat agricole, a appelé ce mardi 22 juillet sur BFMTV à "ne pas se priver" de l'acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes, "à partir du moment où l'agence européenne a autorisé ce produit" et "en attendant qu'une réponse nouvelle soit apportée".

Le président de la FNSEA, premier syndicat agricole, Arnaud Rousseau, a défendu ce mardi 22 juillet sur BFMTV la loi Duplomb, contestée par une pétition qui a recueilli plus 1,5 million de signatures. La pétition, lancée par une étudiante sur le site de l'Assemblée nationale, dénonce cette loi qui prévoit notamment la réintroduction à titre dérogatoire de l'acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes - interdit en France mais autorisé en Europe.

En une dizaine de jours seulement, elle a recueilli plus de 1,5 million de signatures. Soit largement au-dessus du seuil requis des 500.000 pour obtenir un débat en séance, si la Conférence des présidents de l'Assemblée nationale, qui fixe l'agenda, en décide ainsi mi-septembre lors de la rentrée parlementaire.

"Je comprends aujourd'hui que face à tout ce qui se dit de vrai et de moins vrai, les Français s'interrogent", a déclaré Arnaud Rousseau ce mardi, disant de son côté "faire confiance à la science".

"Ne nous privons pas"

L'acétamipride est réclamé par les producteurs de betteraves et de noisettes, qui estiment n'avoir aucune alternative contre les ravageurs et subir une concurrence déloyale de leurs concurrents européens. "La réalité de ce que je vis moi, c'est que mes betteraves, à l'heure où je vous parle, sont atteintes de jaunisse", a expliqué Arnaud Rousseau.

"Et l'enjeu pour moi, c'est évidemment d'assurer la santé, mais c'est aussi de faire en sorte que je continue à produire une alimentation au profit des Français", a ajouté le président de la FNSEA, soulignant que le produit est "utilisé partout" en Europe.

A contrario, les apiculteurs mettent en garde contre "un tueur d'abeilles". Ses effets sur l'humain sont aussi source de préoccupations, même si les risques restent incertains, faute d'études d'ampleur. Sur ce sujet, Arnaud Rousseau appelle à "investir dans la recherche et l'innovation pour trouver des alternatives".

"Pour moi, à partir du moment où l'agence européenne a autorisé ce produit, il doit être utilisé, il peut être utilisé, et j'entends qu'il y ait des questionnements" mais "en attendant qu'une réponse nouvelle soit apportée, ne nous privons pas de ça", a-t-il plaidé.

Le président de la FNSEA dénonce ainsi une forme "d'hystérie" du débat. "Tout le monde y va de sa petite phrase et de sa petite étude", a-t-il critiqué, visant les militants qui combattent l'utilisation de ce produit, dénonçant des risques sanitaires graves.

Vers un nouveau débat

Le fait que la pétition ait franchi, samedi, le seuil des 500.000 signataires autorise la Conférence des présidents de l'Assemblée nationale, qui réunit les présidents des groupes parlementaires et des commissions, à organiser un débat dans l'hémicycle. Il ne permettra pas un réexamen du texte, ni son éventuelle abrogation.

Mais, face à la mobilisation citoyenne, de plus en plus de voix le réclament. La ministre de l'Agriculture Annie Genevard a assuré que le gouvernement était "pleinement disponible" pour participer au débat et la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet (Renaissance), s'est dite "favorable" à son organisation.

Tous les soirs dans Le Titre à la Une, découvrez ce qui se cache derrière les gros titres. Zacharie Legros vous raconte une histoire, un récit de vie, avec aussi le témoignage intime de celles et ceux qui font l'actualité.
Un million de signatures: jusqu’où peut aller la pétition contre la loi Duplomb?
18:06

Tout comme Marine Le Pen, qui a voté pour la loi, mais estime que "seul un débat démocratique" peut restaurer "la confiance" des citoyens face aux "mensonges" accompagnant, selon elle, la pétition. Le président de Renaissance Gabriel Attal et la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher préconisent, eux, que le gouvernement saisisse l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) afin qu'elle donne son avis.

Enfin, plusieurs voix à gauche exhortent Emmanuel Macron à demander au Parlement une deuxième délibération sur la loi, ce qui retarderait sa promulgation.

Sophie Cazaux avec AFP