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La FNSEA ne veut pas attendre que la situation politique se décante et annonce une nouvelle mobilisation des agriculteurs "à la fin de l'automne"

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Craignant de voir ses revendications ignorées en raison de l'incertitude politique, la FNSEA prépare une nouvelle mobilisation de ses agriculteurs dans les prochains mois.

Le retour des tracteurs sur les routes? La FNSEA prépare une nouvelle mobilisation dans les tout prochains mois. Le syndicat agricole a annoncé mardi matin qu'il se mobilisera "à la fin de l'automne" pour faire entendre ses revendications, craignant qu'elles ne se perdent dans le brouillard politique à l'horizon, alors que le gouvernement Bayrou devrait probablement tomber d'ici quelques jours. La FNSEA a toutefois exclu de participer au mouvement nébuleux "Bloquons-tout" du 10 septembre prochain.

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"Le propos n'est pas de savoir s'il faut soutenir M. Bayrou ou pas, le propos pour la FNSEA est qu'on a besoin de continuer à avoir des interlocuteurs pour avancer", a déclaré ce mardi matin son président Arnaud Rousseau lors d'une conférence de presse de rentrée à Paris, soulignant avoir déjà connu quatre Premiers ministres différents depuis son arrivée à la tête du syndicat agricole au mois d'avril 2023.

"Tout porte à croire que l'année et demie qui nous sépare de la prochaine élection présidentielle reste une zone de forte incertitude", où il sera difficile de "trouver des interlocuteurs durables" et de "faire avancer" les dossiers agricoles, a déploré Arnaud Rousseau.

"On verra la forme la plus efficace"

Face à l'incertitude politique, "on ne restera pas tout l'automne comme ça" et "je peux vous dire d'ores et déjà qu'on se mobilisera", a affirmé le président de la FNSEA, pour qui "on ne peut pas expliquer à l'agriculture [française] qu'il ne se passera rien d'ici l'élection présidentielle". "On appellera notre réseau à se mobiliser, on verra la forme la plus efficace, on verra aussi quelle est la situation politique du moment", mais "il n'est pas question de renoncer", a réitéré Arnaud Rousseau.

"On sera en action à l'automne, probablement plutôt à la fin de l'automne, une fois que le travail [agricole] sera terminé", a précisé le président de la FNSEA.

Le mot d'ordre de la mobilisation se fera sur "des sujets extrêmement concrets" autour des moyens de production, de l'utilisation de l'eau, des produits phytosanitaires ou des contraintes administratives. Le syndicat agricole espère également porter des "revendications précises" pour le projet de loi budgétaire 2026, notamment au sujet de la déduction pour épargne de précaution (DEP) en cas d’aléas climatiques et sanitaires qui avait été instaurée par le précédent budget.

En revanche, la FNSEA ne se joindra pas au mouvement "Bloquons-tout", initié sur les réseaux sociaux et repris par plusieurs organisations politiques et syndicales. Outre les moissons, les estives et les vendanges qui accaparent le temps des agriculteurs, la FNSEA préfère éviter une "politisation de [ses] revendications", a précisé son président.

Parmi les multiples "questionnements" qui agitent les agriculteurs français, la FNSEA espère mettre le sujet de la politique agricole commune (PAC) sur le haut de la pile. En juillet dernier, la Commission européenne a dévoilé ses propositions pour le budget 2028-2034 de l'UE, donnant le coup d'envoi des négociations entre ses institutions - l'approbation à l'unanimité par le Conseil de l'Union européenne, qui représente les États membres, est nécessaire.

Le volet agricole du budget européen abrite la PAC, premier poste de dépenses de l'UE, qui permet notamment de verser des aides directes aux agriculteurs. Mais "le papier proposé par la Commission européenne (pour 2028-2034] ne nous convient pas du tout", s'est exaspéré le président de la FNSEA, alors que Bruxelles propose une large réforme de la PAC qui prévoit, entre autres, son intégration dans un grand fonds unique au lieu de lui dédier un budget propre.

Ce sujet "va nous occuper pour les deux prochaines années" et "on a besoin d'un gouvernement français à la manœuvre" qui ne change pas "tous les trois mois ou tous les six mois", a martelé Arnaud Rousseau.

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV