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EDITO. Emmanuel Macron revient avec ce qu'il sait faire le mieux: la startup nation

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Plutôt effacé depuis la dissolution, Emmanuel Macron a donné coup sur coup une interview dans la presse régionale samedi et fait le 20h de France 2 dimanche soir pour annoncer 109 milliards d'investissements dans les data centers "sur plusieurs années". Un retour en force pour le Président?

On ne le voyait plus beaucoup depuis six mois. Beaucoup disaient le président de la République un peu déprimé, effacé. Il ne parlait plus à personne, n’écoutait plus. Il semble désormais que la dissolution soit digérée. Les échanges de sms ont repris avec pas mal de monde. La bête politique se réveille !

Le nouveau positionnement du Président est même théorisé à l'Elysée. Une jambe est consacrée à "retisser le lien avec les Français", au travers de déplacements en province hors caméra, sans presse. Comme il l’a fait récemment dans le Nord, où on l'a vu débarquer seul dans un bistrot, au contact des Français.

L’autre jambe est consacrée à "fixer les grands objectifs de la nation, assurer son indépendance nationale". Et pour cela, c’est vrai que la préparation du sommet de l’IA a fonctionné comme une véritable cure de jouvence pour Emmanuel Macron.

Pour quelles raisons?

D'abord, c’est le retour à la "startup nation", si chère au Président. Dès 2018, il a lancé une stratégie IA qui repose sur l'investissement dans le capital humain, la recherche et le développement, la création d’instituts interdisciplinaires...

Et objectivement ça a plutôt bien fonctionné : on est passé de la treizième à la cinquième place dans le Global AI Index en seulement un an. Même Sam Altman, le patron d’OpenAI, qui développe l’outil ChatGPT, a écrit dans une tribune au Monde ce week-end que "la France a mis en place une stratégie que d’autres pays européens devraient suivre".

La France n'a pas à rougir

C'est le modèle européen que va défendre Emmanuel Macron. Une IA humaniste face au mercantilisme américain et au dirigisme chinois. Un modèle vertueux de protection des données personnelles et d’énergie verte pour les data centers.

Enfin, ce sommet est surtout une vitrine sur la place de la France dans le monde. Il faut montrer qu’on est encore dans la course. Et s’il manquait jusqu’ici un peu de carburant financier pour étayer l'ambition élyséenne, les 109 milliards d’investissements annoncés hier soir ont de l’allure.

"30 à 50 milliards d’euros" des Emirats arabes unis; 20 milliards du fonds canadien Brookfield d’ici à 2030... On attend le détail du solde aujourd’hui, mais on n’a d'ores et déjà pas a rougir face aux 500 milliards de dollars du Stargate américain.

Donald Trump a réussi à générer une parole très positive autour de l’Amérique triomphante après Joe Biden. Il faut nous aussi que nous retrouvions une forme de "hype", comme Emmanuel Macron avait réussi à le faire en 2017 auprès des investisseurs internationaux après les années Hollande.

Startup nation contre gilets jaunes

Sauf qu’à l’époque ça n’a pas empêché la crise des Gilets jaunes. Pas sûr que ces annonces suffisent aujourd’hui à remonter sa cote de popularité sur la scène intérieure...

C’est vrai que le président de la startup nation, ça ne parle pas à tout le monde. Mais le Président n’a pas dit son denier mot. On l’a dit, maintenant qu’il semble avoir digéré l’échec de la dissolution, il veut "retisser le lien qui s’est abîmé avec les Français". D’autres déplacements surprise sont à venir.

Et puis il devrait y avoir un autre moyen de retisser le fil avec les Français, au travers d’un référendum ou de "référenda" au pluriel. Mais ça, c’est une autre histoire, qui devrait arriver au printemps.

Raphaël Legendre