Retraites: pour Laurent Berger, adopter le texte avec le 49.3 serait "dangereux"

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, arrive à L'Elysée pour un Conseil national de la Refondation à Paris, le 12 décembre 2022 - Thomas SAMSON © 2019 AFP
Recourir à l'article 49.3 pour faire adopter la réforme des retraites serait "dangereux" et constituerait "une forme de vice démocratique", avertit le leader de la CFDT Laurent Berger dimanche dans une interview au JDD.
"Le débat n'a pas eu lieu à l'Assemblée nationale et il a été accéléré au Sénat, alors que ce dernier a l'habitude d'aller au bout des textes dans une ambiance sereine. Dans ce contexte, adopter cette réforme grâce au 49.3 est impossible", juge le leader syndical.
"Une forme de vice démocratique"
Puis de poursuivre: "Adopter via cette procédure hâtive une réforme à la fois très impactante pour la vie de dizaines de millions de gens, injuste de notre point de vue et mal bricolée, ce serait une forme de vice démocratique". "Que la fin de l'histoire soit un 49.3, ça me paraît incroyable et dangereux".
À l'inverse, "si le Parlement vote le texte, mais c'est loin d'être fait, il faudra en prendre acte", reconnaît-il, tout en estimant que "quoi qu'il en soit, le monde du travail en entier rejette cette réforme".
"La détermination qui s'exprime dans la rue", après sept journées de mobilisation à l'appel de l'intersyndicale et avant une huitième ce mercredi 15 mars, "est en train de se transformer en colère", avertit Laurent Berger, qui réitère l'appel des leaders syndicaux à l'organisation d'un référendum sur le recul de l'âge légal de la retraite à 64 ans.
Pour lui, "la contestation du monde du travail est massive, profonde et durable", et "ce n'est pas parce que ce texte serait adopté que les gens vont se dire: 'On passe à la séquence suivante'. Ça, c'est ce que les technos qui conseillent le gouvernement croient. Et ils se trompent".
Un "ressentiment très profond"
"Si la loi est adoptée sans tenir compte de l'expression du mouvement social, on ne se retrouvera pas, le lendemain matin, en train de discuter comme si de rien n'était", prédit-il.
"Je ne cautionne jamais la violence. Après, peut-être que ce sera une conséquence malheureuse face au mépris auquel nous nous heurtons. Il y a un ressentiment très profond dans le monde du travail", met-il en garde.