Muriel Pénicaud: "Si on ne fait pas d'économies dans dix ans on n'aura plus de quoi assurer les chômeurs"

Le Premier ministre Édouard Philippe et la ministre du Travail Muriel Pénicaud ont présenté mardi leur réforme de l'assurance chômage. Le texte prévoit de pénaliser financièrement les employeurs qui ont recours à de nombreux contrats précaires et de modifier les règles d'indemnisation des chômeurs. Ce paquet de mesures a pour objectif de faire réaliser d'importantes économies à l'organisme gestionnaire de l'assurance chômage, l'Unédic.
Aujourd'hui, la trajectoire budgétaire de l'assurance chômage prévoit en effet un retour à l'équilibre l'année prochaine, avant de dégager un excédent de 1,4 milliard d'euros en 2021. Ce qui doit permettre à la dette de l'Unédic, qui atteindra un pic en 2020, de commencer à diminuer pour atteindre 36,2 milliards d'euros l'année d'après. Ce rythme de redressement des comptes, le gouvernement l'a jugé insuffisant. Les mesures décidées mardi devraient donc rapporter 3,4 milliards d'euros supplémentaires à l'Unédic d'ici 2021.
"Si on ne fait pas d'économies dans dix ans on n’aura plus de quoi assurer les chômeurs", s'est justifiée la ministre du Travail sur BFMTV-RMC ce mercredi.
Bonus-malus et nouvelles règles
Comment le gouvernement compte-il faire ces économies? "Ce qui coûte cher à l’assurance chômage c’est la précarité", a pointé Muriel Pénicaud, rappelant que "les contrats extra courts coûtent 9 milliards d'euros par an" au régime. Aujourd'hui, huit embauches sur dix se font en CDD de moins d'un mois.
Pour lutter contre ce phénomène, un bonus-malus sur les cotisations patronales sera instauré au 1er janvier 2020. Sept secteurs sont concernés, il s'agit de ceux où l'on compte "150 contrats précaires pour 100 contrats solides", a précisé la ministre. L'ensemble des employeurs devront également payer 10 euros supplémentaire pour chaque signature d'un CDD d'usage.
En outre, le gouvernement va changer les règles d'ouverture des droits au chômage. Il faudra avoir travaillé six mois sur 24, au lieu de quatre sur 28 actuellement, pour prétendre à une allocation chômage. La durée en vigueur a été décidée en 2009, au lendemain de la crise, remémore la ministre. Elle estime qu'entre la dynamique des créations d'emplois et les moyens mis sur l'accompagnement des chômeurs, cette durée n'est plus justifiée. "On est encore dans les pays les plus protecteurs d'Europe", a-t-elle ajouté.
Reste qu'en allongeant la durée de cotisation minimum, ce sont entre 250.000 et 300.000 personnes qui seront empêchées d'accéder à l'assurance chômage, selon les calculs de la CGT. Des chiffres confirmés par Muriel Pénicaud, "si personne ne change de comportement".