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Assurance chômage: le système français est-il vraiment l'un des plus généreux d'Europe?

Au travers du Projet Personnalisé d'Accès à l'Emploi, chaque chômeur s'engage à mener des recherches actives pour retrouver un emploi.

Au travers du Projet Personnalisé d'Accès à l'Emploi, chaque chômeur s'engage à mener des recherches actives pour retrouver un emploi. - Philippe Huguen - AFP

Quand on compare les systèmes d'assurance chômage en vigueur dans l'UE, il apparaît qu'en France les demandeurs d'emplois ne sont pas les mieux indemnisés d'Europe. En revanche, la France figure parmi les pays où la durée d'indemnisation est la plus importante.

Le gouvernement a levé le voile ce mardi sur sa réforme de l'assurance chômage. Une réforme qui doit, selon le Premier ministre, permettre d'économiser 3,4 milliards d'euros sur deux ans. Pour justifier les mesures annoncées, Edouard Philippe a mis en avant le fait qu'aujourd'hui les demandeurs d'emplois bénéficient, en France, d'un des systèmes les plus favorables de l'OCDE. Ce n'est pas faux, même s'il convient de nuancer. Tour d'horizon.

Montant des allocations : la France dans la moyenne

En France, pour le moment, le montant de l’allocation chômage est calculé à partir du ou des salaires bruts perçus au cours des douze derniers mois. Un demandeur d'emploi qui a suffisamment cotisé pour toucher une indemnité perçoit dans la majorité des cas 57% de son salaire brut. Cette allocation peut néanmoins atteindre 75% du salaire brut antérieur s'il a fait l'objet d'un licenciement économique.

Ce niveau d’indemnisation est similaire à l’Allemagne (entre 60% et 67%), l’Espagne (entre 50% et 70%), l’Italie (entre 60% et 75%), la Belgique (entre 60% et 65% la première année) ou encore le Portugal (65%). Mais d’autres pays européens se montrent encore plus généreux: Danemark (90%), Luxembourg (entre 80% et 87%) et Pays-Bas (entre 70% et 75%).

Au Royaume-Uni et en Irlande, le montant de l’allocation est forfaitaire. Et il est peu élevé: 65 ou 82 euros par semaine au Royaume-Uni et jusqu’à 203 euros par semaine en Irlande.

Plafond: la France championne

Avec une allocation maximale de 7650 euros par mois, la France est la championne européenne de la catégorie. Mais les demandeurs d'emplois atteignant ce plafond son très peu nombreux. Selon l’Unédic, ils représentent seulement 0,05% des chômeurs indemnisés. Les Pays-Bas arrivent en deuxième position avec un plafond fixé à 6479 euros, suivis par le Luxembourg (4996 euros) et l’Allemagne (4355 euros). Le plafond est fixé à 2619 euros en Belgique et à 2495 euros au Danemark. En bas du classement, on retrouve l’Espagne (1412 euros), l’Italie (1314 euros) et le Portugal (1072 euros).

La dégressivité, un principe appliqué dans quelques pays

La réforme décidée par le gouvernement prévoit, dès le 1er janvier 2020, de réduire de 30% à partir du septième mois de chômage, le niveau des allocations perçues par ceux qui gagnaient plus de 4500 euros brut par mois avant de perdre leur emploi. D'autres pays appliquent aujourd'hui une dégressivité des allocations. Mais cette baisse programmée s'appliquent à tous les demandeurs d'emplois. En Espagne, l'indemnité passe de 70% à 50% du salaire brut au bout de six mois. En Belgique, le taux est ramené de 65% à 60% au bout de trois mois, puis à 55% après un an. En Italie, il baisse de 3 points par mois à partir de 90 jours.

Durée d’indemnisation: la France parmi les pays les plus généreux

En France, les demandeurs d’emplois peuvent toucher des allocations pendant deux ans (jusqu’à trois ans s’ils sont âgés de plus de 55 ans). La durée maximale d’indemnisation est identique en Espagne, en Italie et au Danemark. Elle est plus longue aux Pays-Bas (38 mois). Et elle est en principe illimitée en Belgique. De nombreux pays européens sont donc moins généreux que la France: Portugal (18 mois maximum), Allemagne et Luxembourg (12 mois), Irlande (9 mois) et Royaume-Uni (6 mois).

Cotisations chômage: les employeurs français parmi les plus ponctionnés

Avant même l'instauration, l'an prochain, du principe du bonus-malus pour ceux qui abusent des contrats courts et des CDD, dans certains secteurs, les employeurs français figurent déjà parmi ceux qui, en Europe, sont le plus mis directement à contribution pour financer l’indemnisation du chômage. Ils versent 4% de la rémunération brute sur tous les salaires inférieurs à quatre fois le plafond mensuel de la sécurité sociale, soit 13.500 euros. Les salariés, eux, ne paient plus rien depuis le 1er octobre. L'assurance chômage espagnole impose un niveau plus élevé de prélèvement sur les salaires (7%), mais elle coûte bien moins chère aux patrons et aux salariés en Allemagne (3% du brut), aux Pays-Bas (2,2% en moyenne) et en Italie (1,61%).

JM