Les autotests en supermarchés, ce n'est pas pour tout de suite

L'introduction des autotests permettrait de découvrir 4.000 séropositivités et d'éviter 400 nouvelles infections par an en France. - -
Acheter un boîte d'autotests au supermarché, le scénario devient de moins en moins probable. Dimanche dernier, le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, a promis l'arrivée imminente sur le marché de tests antigéniques à faire soi-même, à retrouver "en supermarché ou en officines". Dans la foulée, la Haute autorité de Santé donne son feu vert et les distributeurs sont sur le pont. Carrefour annonce mardi avoir commandé 1 million d'autotest et se tenir prêt à en mettre en rayon dès ce week-end.
Problème, les grandes surfaces n'ont légalement pas le droit d'en vendre. En vertu du code de la Santé publique, ces autotests sont soumis au monopole pharmaceutique. Mais un simple arrêté suffirait pour déroger à la règle, comme c'est le cas pour les tests de grossesse et les tests d'ovulation, vendus en grande-surface depuis 2014.
Mais la direction générale de la Santé (DGS) ne semble pas pressée de le permettre. Contactée par BFM Business, la DGS explique que "dans un premier temps, et avant tout déploiement supplémentaire, une expérimentation sera menée en mars afin d’évaluer la qualité des prélèvements obtenus".
Un monopole pharmaceutique justifié, selon la DGS
Par la suite, "la première étape du déploiement se fera dans le cadre de campagnes de dépistage itératif à large échelle", avec pour objectif "d'atteindre des populations qui se testent moins, ou qui ont besoin de se faire tester régulièrement", à l’image "des habitants de l’Outre-Mer, des populations lycéennes ou étudiantes et des populations précaires", détaille la direction générale de la Santé.
C'est seulement à la seconde étape du déploiement que leur vente sera permise, uniquement en pharmacie, martèle la DGS. Pas question donc pour le moment d'autoriser la vente en supermarché.
"Le ministère des Solidarités et de la Santé rappelle que les autotests sont des dispositifs médicaux, au même titre que l’ensemble des autres tests actuellement sur le marché, détaille la DGS auprès de BFM Business. Ce monopole s’explique par le statut de ces tests, ainsi que par la nécessaire information lors de la délivrance pour les modalités d’utilisation de ces tests à domicile, leur interprétation et la conduite à tenir".
Selon la direction générale de la Santé, ces autotests antigéniques "présentent une sensibilité de 50% pour les personnes asymptomatiques, soit une part élevée de faux négatifs avec un risque de moindre vigilance en l’absence d’une bonne information". C'est pourquoi "la vente d’autotests en dehors des pharmacies n’est pas autorisée."
De son côté, Carrefour assure attendre le feu vert du gouvernement pour mettre en vente ses autotests. L'enseigne précise par ailleurs qu'ils seront vendus uniquement dans ses rayons parapharmacie, où des pharmaciens qualifiés sauront prodiguer les bons conseils aux clients.
Le remboursement de ces autotests est encore incertain. Pour rappel, la réalisation de tests PCR et antigéniques est gratuite en France et entièrement prise en charge, même sans prescription médicale. Sur ce point, la DGS affirme que le remboursement des autotests "n’interviendra que dans le cadre des campagnes de dépistage", sans donner plus de précisions.