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L'agence S&P laisse inchangée la note de la France et sa perspective négative

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Trois mois après avoir assorti sa note AA- d'une perspective négative, l'agence américaine S&P a décidé de laisser du répit à la France en attendant notamment la présentation du prochain budget.

La France échappe à une dégradation de sa note souveraine par S&P. L'agence de notation américaine vient d'annoncer qu'elle conserve la note AA- ("bonne qualité" de crédit) du pays tout en maintenant sa perspective négative qu'elle avait modifiée lors de sa dernière réévaluation fin février.

Ce statu quo illustre le fait qu'aucun big bang budgétaire n'est survenu depuis et que l'agence attend certaines échéances comme l'issue du conclave sur les retraites mais surtout la présentation du budget 2026. Mais dans l'état, une dégradation reste possible sans amélioration notable.

Parmi les autres agences de notation, Fitch, qui classe également la France AA- avec perspective négative, avait confirmé sa notation lors de sa dernière revue mi-mars. Moody's, qui avait dégradé d'un cran le pays en décembre, la classe Aa3, l'équivalent de AA-, mais avec perspective stable, et n'a pas actualisé cette note lors de sa revue en avril.

Un effort budgétaire de 40 milliards d'euros mais un flou autour des mesures

Le Premier ministre François Bayrou doit trouver 40 milliards d'euros l'an prochain entre l'Etat, la Sécurité sociale et les collectivités locales. Il va demander "un effort à tous les Français", en n'excluant pas une hausse générale de la TVA pour financer des dépenses sociales - la "TVA sociale". Mais il a admis aussi, mercredi devant le Sénat, "qu'aucune des mesures" qui composeront le plan général de retour à l'équilibre des finances publiques que proposera le gouvernement "avant le 14 juillet", n'était encore arrêtée.

Une méthode de concertation avec les partenaires sociaux et surtout les partis politiques assumée, pour éviter une nouvelle censure parlementaire, mais qui laisse planer l'incertitude sur la force des mesures qui peuvent être prises d'ici fin septembre lors de la présentation des budgets.

Vers le pire déficit de la zone euro en 2025 et 2026

Lundi, la Cour des comptes a averti par ailleurs d'un risque de "crise de liquidité" de la Sécurité sociale l'an prochain en raison du dérapage "hors de contrôle" de ses dépenses. Par deux fois devant le Parlement mercredi, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a surpris en affichant fermement l'objectif d'un retour à l'équilibre de la Sécurité sociale en 2029. Un objectif ambitieux, puisque selon les propres prévisions du gouvernement dans le budget de la Sécurité sociale 2025, son déficit s'élèvera encore à 24,1 milliards en 2028, dernière année de prévision disponible.

Selon les projections économiques révisées de la Commission européenne, publiées le 19 mai, la France enregistrera le pire déficit public de la zone euro en 2025 et 2026, à respectivement 5,6% et 5,7% du PIB, alors que le gouvernement table encore sur 5,4% en 2025 et 4,6% en 2026, pour revenir sous 3% en 2029.

Timothée Talbi avec AFP