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François Bayrou est convaincu "que les Français accepteront de participer à l'effort" tant qu'il est "juste"

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Rappelant longuement le "grand danger" que représente le surendettement pour la France, le Premier ministre François Bayrou a défendu fermement, ce lundi 25 août, le plan de redressement des finances publiques présenté mi-juillet.

Pour réaliser l'effort colossal de désendettement, le Premier ministre souhaite s'appuyer sur "un principe de justice dans la répartition de l'effort". S'il passe l'étape du vote de confiance au Parlement le 8 septembre, députés et sénateurs seront en effet appelés à débattre cet automne de mesures aussi impopulaires qu'une année blanche généralisée, impliquant le gel du barème d'imposition sur les revenus ainsi que des aides au logement ou pensions de retraite.

"Tout le monde participe, l'État le premier et les plus favorisés seront appelés à prendre leur juste part dans l'effort. J'ai la conviction que les Français accepteront de participer à l'effort, pourvu que l'effort soit juste", a-t-il souligné lors d'une conférence du presse lundi.

Dans l'intérêt des enfants et générations futures, François Bayrou a martelé qu'il ne "veut pas que nous leur laissions un monde écrasé de dette, un monde dans lequel ils se trouveraient découragés parce qu'il est décourageant". Reste à savoir si son projet passera l'étape de la déclaration de politique générale.

Un débat public qui "a sombré dans la confusion" autour des mesures

Avant le vote de confiance des parlementaires, le chef du gouvernement prononcera un discours de politique générale. Cet exercice oratoire aura pour but de "convaincre" et de "faire prendre conscience" de la "gravité" de la situation budgétaire du pays, plusieurs semaines après la présentation du plan de redressement des finances publiques, critiqué de toutes parts durant l'été.

"Ce débat a sombré dans la confusion. Il devrait être centré autour de la nécessité de dépenser moins et de produire plus pour placer le pays dans la trajectoire nécessaire pour retrouver l'équilibre de la dette. Et ce débat a été dévoyé et déplacé. Il n'a plus été question de l'impérieuse nécessité d'agir mais seulement des mesures prises une par une", a déploré le locataire de Matignon.

Ces dernières semaines, partenaires sociaux et politiques se sont en effet vivement exprimés sur la suppression de deux jours fériés, mais aussi sur l'énième réforme envisagée de l'assurance-chômage alors qu'une nouvelle convention, négociée et signée le 14 novembre 2024, est partiellement entrée en vigueur en mars dernier. Les débats se sont aussi polarisés autour de la proposition de monétiser la cinquième semaine de congés payés et du doublement des franchises médicales, alors même que ces dernières ont déjà été doublé l'année dernière.

44 milliards d'euros d'économies en 2026, soit 2% des dépenses l'an prochain

La convocation du Parlement en session extraordinaire, conformément à l'article 49-1 de la Constitution, engagera de fait la responsabilité du gouvernement, alors que les mobilisations anti-Bayrou se multiplient de toutes parts : des internautes appellent à manifester et "tout bloquer" le 10 septembre prochain et plusieurs mobilisations se préparent parmi les hôpitaux et professionnels de santé.

"Y a-t-il ou pas urgence nationale à rééquilibrer nos comptes publics et échapper à la malédiction du surendettement qui concerne tous ceux qui nous regardent, tous les Français et toutes les Françaises, toutes les familles en dépensant moins et en produisant plus ?", a interrogé le Premier ministre.

Le chef du gouvernement invite donc les parlementaires à statuer sur "la dimension de l'effort, le seul qui ne peut pas être éludé si nous voulons retrouver la trajectoire de la libération". Celui qui s'est battu pour convraincre les décideurs politiques à prendre au sérieux le risque du surendettement a qui plus est souligné que les efforts budgétaires annoncés pour 2026 demeurent infimes au regard des dépenses de l'État : "44 milliards sur une prévision de dépenses de 1.700 milliards, donc 2%", a-t-il insisté.

Caroline Robin